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mardi 9 juin 2015

Gdansk, la ville de Lech Walesa

«Quand j’étais petit garçon, je m’imaginais Gdansk comme une grande ville, avec un port et des chantiers navals. Je savais que la seconde guerre mondiale y avait commencé. J’avais aussi entendu dire qu’il y avait de nombreux sites historiques à Gdansk. C’est tout ce que je savais alors.
A la fin du printemps 1967, j’ai pris le train et je suis allé au bord de la mer. Je suis descendu du train à la gare de Gdansk Glowny. Une minute plus tard, je suis tombé sur un ami de mon ancien voisinage qui m’a convaincu d’aller travailler aux chantiers navals. A Gdansk, j’ai rencontré mon épouse Danuta et c’est là que nos enfants sont nés… C’est donc comme ça , à mon insu, que je suis devenu citoyen de Gdansk.
Aujourd’hui, bien des années plus tard, après avoir visité tant de villes en Europe et dans le monde, je peux dire que je ne voudrais jamais échangé Gdansk contre New York, Paris, Bruxelles, Tokyo ou Moscou…
A la fin du 20ème siècle, la Pologne a donné à l’Europe et au monde le Pape Jean-Paul II. Quant à Gdansk, il a donné le mouvement Solidarnosc à sa nation, à l’Europe et au monde entier (…)»  Tiré de Gdansk selon Lech Walesa.
Gdansk, c’est d’abord Lech Walesa et son mouvement Solidarnosc (Solidarité) qui a fait bouger les chantiers navals de la ville avant de faire soulever toute la Pologne pour la libérer ensuite du joug du régime soviétique et en être le premier Président élu au suffrage universel. Une épopée qui allait sonner le glas de l’Empire soviétique et du bloc communiste en général.
Mais Gdansk est ce qu’elle a été : un centre commercial et culturel de l’Europe du 15ème au début du 20ème siècle. Avant d’être détruite elle aussi en 1945. C’est autour de son passé glorieux que la ville s’est reconstruite. Deux symboles de cette reconstruction : le Théâtre Shakespeare qui est l’un des centres culturels européens et la vieille ville restaurée tel qu’elle était avant les bombardements de la seconde guerre.
Le Théâtre Shakespeare est une reconstruction d’un bâtiment qui avait d’abord servi de scènes de jeux avant de recevoir des troupes venus de partout et notamment du Royaume Uni. La bourgeoisie née de l’activité commerciale sur la Baltique a encouragé le développement des arts et des lettres. Très tôt l’auteur anglais fut joué ici. C’est cette tradition qu’on fait revivre dans un centre ultramoderne. Sa vocation est de devenir un lieu d’expression pour les troupes européennes. Mais déjà il reçoit chaque année une saison entièrement dédié à Shakespeare.
La grande porte de la vieille ville comporte trois entrées. Sur chaque d’elles une inscription en latin. Sur celle de gauche, il est écrit que «la sagesse se trouve dans les actes de la République». Sur celle du centre, on nous dit que «la Justice, la Liberté et la Tolérance sont des valeurs immuables de la République». Sur celle de droite enfin, on nous apprend que «la Liberté, la Concorde permettent à tous Prospérité et Notoriété».
Ces inscriptions datent de la fin du 18ème siècle et fondent visiblement les grandes valeurs du libéralisme naissant. Elles sont en cas la première étape de la révolution bourgeoise qui a permis de se libérer des carcans de la société féodale. Car la démocratie, les démocraties sont le fruit d’une lutte longue et acharnée pour plus de liberté, plus de possibilités d’influer la gestion publique des affaires par le citoyen, plus de participation, plus d’expression de la pluralité…
La démocratie, comme tout ce qui est bon et beau, se mérite. Parce qu’elle se mérite, elle est à conquérir.