Vue
d’ici et de maintenant, l’année 2019 est déjà un moment crucial et déterminant
dans l’évolution du pays.
2019,
c’est d’abord la dernière année du deuxième et dernier mandat du Président
Mohamed Ould Abdel Aziz. Rien, absolument rien, ne permet actuellement
d’entrevoir chez lui une quelconque volonté de tripatouiller la Constitution et
de commettre le parjure afin de changer la règle limitant les mandats à deux.
Ses détracteurs peuvent toujours lui prêter les intentions les plus saugrenues,
mais de lui rien n’est venu nous annoncer qu’il y a risque de revenir sur le
serment solennel. Pour rappel, l’article 29 de la Constitution impose au
Président élu, de faire le serment suivant :
«Je jure par Allah l’Unique de bien et fidèlement remplir
mes fonctions, dans le respect de la Constitution et des lois, de veiller à
l'intérêt du peuple mauritanien, de sauvegarder l’indépendance et la
souveraineté du pays, l’unité de la patrie et l’intégrité du territoire
national. Je jure par Allah l’Unique de ne point prendre ni soutenir,
directement ou indirectement, une initiative qui pourrait conduire à la
révision des dispositions constitutionnelles relatives à la durée du mandat
présidentiel et au régime de son renouvellement, prévues aux articles 26 et 28
de la présente Constitution.»
Cela
a été fait le 4 août 2014. Depuis, nous n’avons aucun signe indiquant une
évolution autre.
En
2019, les grandes figures de la politique mauritanienne qui auront 75 ans à ce
moment-là ne pourront plus se présenter. Exit donc Messaoud Ould Boulkheir et
surtout Ahmed Ould Daddah qui a toujours été un challenger de poids dans les
présidentielles précédentes. Ceux qui prétendent à la légitimité historique
seront donc dans l’incapacité technique de se présenter.
En
2019, les islamistes de Tawassoul auront opéré l’alternance souhaitée par leurs
dirigeants et consacrée par leur premier congrès qui a limité les mandats à
deux. En 2019, Mohamed Jamil Mansour ne sera plus président du parti qui est
déjà effectivement l’une des forces politiques majeures du pays.
L’alternance
chez Tawassoul obligera certainement des partis comme l’Union des forces du
progrès (UFP) à envisager le même processus de renouvellement dans la direction
du parti. Il est certain (ou presque) que Mohamed Ould Maouloud ne sera pas le
président de l’UFP à ce moment-là.
En
2019, même l’institution militaire aura connu des départs significatifs :
la majorité des généraux actuels sera déjà à la retraite. Alors que du côté de
la haute fonction publique, des centaines de cadres vont eux aussi profiter de
leurs droits à la retraite. Parmi eux, la plupart des dignitaires actuels, du
Pouvoir comme de l’Opposition.
En
2019, le rajeunissement de la population mauritanienne s’accentuera. La pyramide
des âges sera très large pour les 05-30 ans. Nous serons probablement à 80% de
moins de 45 ans, acceptons-le. C’est ici que se situe le grand déterminant du
changement futur. Cette jeunesse assoiffée de liberté d’entreprendre, de
réussir, de gagner… va devoir se trouver le cadre adéquat pour la rassasier. Ses
aspirations seront certainement plus fortes que toutes les pesanteurs qui
freinent le mouvement vers la Modernité.
Le
deuxième facteur est celui de la nécessité du renouvellement de la classe
politique dirigeante. En se rappelant que ce renouvellement inévitable peut ne
pas être positif dans la mesure où aucun des leaders traditionnels ne semble
avoir prévu sa succession. On peut donc avoir quelqu’un de qualité ou pas.
Pour éviter des risques comme celui-là, toute minute
passée sans discuter de cette perspective, sans y penser, sans en analyser les
tenants et aboutissants, sans en faire une échéance fondamentale, toute minute
passée sans en parler relève du temps perdu. Un temps perdu dans notre
situation ne peut jamais être rattrapé.