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mercredi 8 avril 2015

Ould Tah à la BADEA

On doit envisager la nomination de Sidi Ould Tah à la tête de la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA) comme un succès diplomatique de la Mauritanie. Elle intervient à quelques heures d’une visite officielle du Président Ould Abdel Aziz en Arabie Saoudite sur invitation du tout nouveau Roi Salman. C’est une première d’autant plus que l’Arabie a disponibilisé un avion pour effectuer le voyage. Différentes manière de lire l’événement. Celle qui nous intéresse est liée quelque part à la désignation de Sidi Ould Tah à la tête de l’instrument financier qui sert aux monarchies du Golfe comme outil de coopération avec l’Afrique noire. Selon nous, l’Arabie Saoudite renoue avec sa vision des débuts de la Mauritanie en laquelle elle voyait la grande porte d’entrée en Afrique subsaharienne. L’instrument financier doit donc être soutenu par une volonté politique et diplomatique volontariste. On a par ailleurs vu comment la Mauritanie a su utiliser sa présidence de l’Union Africaine pour normaliser le pouvoir de Abdel Vettah Essissi, l’homme des Saoudiens en Egypte et dans la région.
Il ne faut pas seulement y voir une récompense à un soutien qui a servi loyalement le régime auquel il a appartenu. Ni une consécration pour un ministre qui a pu, malgré les aléas, réussir à remplir sa mission de ministre des affaires économiques et du développement, promoteur d’investissements, ministre des affaires étrangères bis… Il faut y percevoir d’abord un retour de notre pays sur la scène arabe et internationale.
Quand la décision de créer une banque arabe dédiée au développement de l’Afrique au sommet d’Alger de 1973, il a fallu attendre 1975 pour la lancer. Il était alors question de faire de Nouakchott son siège social et de la Mauritanie son pays d’accueil. C’est dans cette perspective que l’immeuble dit AFARCO (aujourd’hui BMCI) a été construit. La guerre du Sahara a dressé l’Algérie contre la Mauritanie et le coup d’Etat de 1978 a fait craindre l’instabilité future. La Mauritanie perdra peu à peu ce rôle de trait-d’union entre l’Afrique Noire et le Monde Arabe, devenant, à la fin des années 80, «l’orphelin géopolitique» de la région, adoptant cette position de «ni-ni» (ni Arabe, ni Africaine, après avoir été les deux à la fois).
Les financements de la BADEA ne pouvant profiter à la Mauritanie qui fait partie de la Ligue Arabe, l’arrivée à sa tête de l’un des nôtres est une excellente chose. D’autant plus qu’elle est le premier succès du genre depuis une quarantaine d’années, toutes les candidatures mauritaniennes à diriger des instances internationales ayant échoué soit pour la qualité des candidats, soit à cause des carences de la diplomatie mauritanienne. C’est un peu aujourd’hui une Mauritanie qui gagne que nous entrevoyons…