Comme
dans de nombreuses villes du Monde islamique, Nouakchott a connu sa marche de
l’après prière du vendredi. A la suite de l’appel lancé par le Forum des Imams
et Ulémas proche de Tawassoul, l’Association des Ulémas, proche du pouvoir,
entre autres organisations islamiques, des milliers de Nouakchottois ont marché
pour dénoncer ce qu’ils considèrent être une offense fait à l’Islam et aux
Musulmans après la publication de nouvelles caricatures dans le numéro de
Charlie Hebdo et systématiquement reprise par les médias français et d’autres
médias internationaux.
La
marche s’est d’abord dirigée vers la présidence où l’attendait le locataire du
lieu entouré de ses principaux collaborateurs. Le discours était net et sans
ambages. Premier axe : la position par rapport aux caricatures, à leurs
auteurs, à leurs soutiens, à leur esprit. Deuxième axe : l’explication
personnelle par rapport à la présence sur les réseaux sociaux.
Pour
le deuxième axe, ce fut surtout l’occasion de démentir l’existence de comptes
facebook ou tweeter pour le Président de la République. On sait que depuis un
certain temps, des pages sont animées en son nom sur la toile. Sur ces pages
des positions ont été exprimées. La dernière d’entre elles, largement reprise
par la presse électronique, annonçait l’imminence d’une épuration au sein du
système financier mauritanien, quelques heures seulement avant les premiers
changements à la tête de la BCM, de la CDD et enfin du ministère des finances.
La déclaration du Président mettait un terme à de nombreuses supputations
données pour informations précises et analyses lumineuses autour
de soi-disant déclarations du Président Mohamed Ould Abdel Aziz sur ses pages.
Un mensonge de plus, entretenu depuis longtemps… on passe à un autre mensonge
que doivent préparer nos internautes. Sans commentaire.
«Je
ne suis pas Charlie, je ne suis pas Coulibaly». Explication de texte :
la première partie de l’affirmation permet au Président de se démarquer de
l’esprit et de la pratique de l’hebdomadaire français qui est rapidement revenu
à ses habitudes de stigmatisation et d’orientation contre l’Islam et le sacré
des Musulmans. La deuxième partie lui permet de revenir sur le combat mené par
le pays contre le terrorisme ces dernières années et de rappeler qu’il a
toujours considéré que la menace était globale et qu’elle trouvait justement sa
justification dans le ciblage systématique des Musulmans et de leur religion.
L’essentiel
étant d’expliquer l’absence à la marche internationale de Paris. «Je ne
soutiendrai jamais ce qui touche aux valeurs et au sacré des Musulmans».
Tous les présidents de pays musulmans ayant participé à la manifestation de
Paris ont dû au moins s’expliquer devant leurs opinions publiques. Autant, la
solidarité avec la France est exigible à la suite de cet assassinat, autant il
leur était préjudiciable de se retrouver dans une marche où les caricatures du
Prophète Mohammad (PSL) étaient brandies en signe de victoire.
Si
la Mauritanie a marché dans le calme, d’autres pays ont manifesté violemment
leur hostilité à la France. C’est le cas, en Afrique, du Niger où les
manifestants s’en sont pris malheureusement à des églises et à leurs
compatriotes de confession chrétienne. Qui est responsable de ces morts ?
D’abord ceux qui ont tenu à poursuivre l’œuvre jugée blasphématoire provoquant
ainsi l’ire de près de deux milliards de Musulmans à travers le monde.
Qui
est responsable de cette hostilité envers la France ? Ceux qui tiennent
encore à en rester à faire des amalgames entre des brebis galeuses, perdues
pour tous, et les adeptes d’une religion monothéiste qui a tant donné à
l’Humanité.
Quand
on décidera en France de parler des causes profondes de l’existence des
loups solitaires et autres groupes terroristes, de passer à l’après 11
janvier, on comprendra et on corrigera peut-être. Les problèmes d’intégration,
de ghettoïsation, d’exclusion, de stigmatisation et d’injustice dont la moindre
manifestation n’est pas cette situation où l’antisémitisme est combattu par des
lois dangereuses pour le principe sacré de la liberté d’expression, alors que
l’islamophobie est toléré sur la place publique.
J’ai entendu une jeune élève dire : «Quand on
s’attaque aux homosexuels, on crie à l’homophobie ; quand on parle des
Juifs on crie à l’antisémitisme ; quand on attaque l’Islam, on parle de
liberté d’expression». Vue d’ici, la réalité est celle-là.