Aujourd’hui,
la Mauritanie avait rendez-vous avec l’Histoire. Sur deux fronts.
Le
premier à Rosso où la justice devait se prononcer sur le cas Biram Ould Abeid,
le leader du mouvement IRA et candidat à la dernière présidentielle où il a eu
plus de 8% des voix exprimées. La décision a été rendue : condamnation à
deux ans de prison ferme à l’encontre de Biram Ould Abeid, de son adjoint
Brahim Ould Bilal et du président de l’association Kaawtal, Djibi Sow,
organisateur de la marche à l’origine du problème.
Le
Parquet avait demandé, il y a près de deux semaines, cinq ans de prison, une
amende de cinq cents mille et la confiscation de tous les biens de l’organisation
IRA. La défense avait demandé elle la libération pure et simple, l’accusation
ne détenant pas à ses yeux suffisamment de preuves pour faire condamner les
détenus. Les Juges ont finalement coupé la poire en deux. Comme d’habitude sous
nos cieux, quand en l’absence d’orientations politiques claires et sous
pression de la rue, nos Juges se retrouvent dans l’obligation de chercher à
plaire à toutes les parties.
On
retiendra de ce rendez-vous qu’il s’agit de militants de droits de l’homme
doublés de politiques engagés qui viennent d’être condamnés. Ce qui jette l’opprobre
sur l’image du pays qui se vantait jusque-là de ne pas compter dans ses geôles
un prisonnier d’opinion ou d’expression. En moins de deux semaines, le monde
apprend qu’un bloggeur a été condamné à mort et qu’un militant anti-esclavagiste
(sic), arrivé deuxième à la présidentielle, est condamné à deux ans de prison
ferme. L’image qu’on cultivait jusqu’à présent est sérieusement entachée à l’extérieur.
Quoi que l’on dise, quoi que l’on fasse.
Le
deuxième rendez-vous était plus porteur, plus heureux. C’est en ce jour qu’on
devait savoir si le film Timbuktu serait ou non nominé pour l’Oscar du meilleur
film étranger cette année. La nouvelle est tombée en fin d’après-midi : Timbuktu
a été sélectionné parmi les cinq films qui concourent dans la catégorie du
meilleur film étranger. C’est une première pour la Mauritanie qui se voit ainsi
porter l’étendard de l’Afrique et du Monde Arabe sur la scène du cinéma
international. Une source de fierté pour la Mauritanie qui gagne…
L’occasion
de saluer la performance du réalisateur Abderrahmane Sissako qui, on espère, va
conquérir les cœurs des membres du jury des Oscars dont les décisions seront
annoncées le 22 février prochain. En attendant, peu d’organes de presse saluent
la performance. La plupart d’entre eux la passent sous silence. Est-ce parce qu’il
s’agit d’une réussite pour la pays ? Probablement.
Le Mauritanien d’aujourd’hui, celui qui a la plume et
microphone, a plutôt tendance à noircir le tableau. Toute éclaircie pour lui
doit être rapidement couverte, occultée. Il faut s’attacher à la moitié vide du
verre, refuser d’entrevoir la lumière là où elle pointe. Ajouter à cela le peu
d’intérêt que nous accordons aujourd’hui à la culture, surtout le cinéma qui
est encore à ses balbutiements chez nous.