L’année
politique se termine avec la perspective du renouvellement des deux tiers du
Sénat. Plusieurs fois remises à plus tard, voilà qu’elle est décidée pour la
mi-mars prochain. Cette élection se fait en l’absence, toujours, d’une partie
de l’opposition, notamment des formations qui n’ont pas pris part aux élections
municipales de fin 2013 : les conseils municipaux issus du scrutin de 2013
forment le collège électoral des sénatoriales futures. Des partis comme le RFD
(rassemblement des forces démocratiques de Ahmed Ould Daddah), l’UFP (union des
forces du progrès de Mohamed Ould Maouloud), entre autres partis du Forum pour
la démocratie et l’unité (FNDU) ne feront certainement partie de la course.
Alors que Tawassoul, Al Wiam, l’APP, l’AJD/MR pourront concourir, eux qui ont
des conseillers.
L’on
retiendra que le boycott prouve encore une fois qu’il ne procède pas d’une
vision prospective et positive de l’exercice politique. Des partis ont ainsi
choisi de se mettre hors jeu, sans prendre en compte la réalité du terrain et
des rapports de force. Ils ont cru que l’absence pouvait occasionner une crise,
voilà qu’elle crée un vide rapidement comblé par d’autres acteurs, pas
forcément les plus attendus. L’on retiendra deux de ces acteurs.
Birame
Ould Dah Ould Abeid doit beaucoup à l’absence des acteurs traditionnels. Son
discours prenant en charge les frustrations les plus aigues, a profité du recul
et/ou de l’absence d’un discours unificateur tout en étant revendicatif. La
nature ayant horreur du vide, les frustrations étant réelles et parfois
légitimes, le candidat Biram Ould Abeid a puisé dans ce terreau pour devenir
l’homme politique qu’il est devenu. Avec ses 8%, il sentait l’air du fameux
renouvellement de la classe politique devenu un leitmotiv ces dernières années.
Tawassoul,
le parti des Islamistes est le premier des partis d’opposition ayant participé
aux élections législatives et municipales de 2013. Il hérite à ce titre de la
présidence de l’Institution de l’Opposition démocratique. Un tremplin qu’il va
certainement utiliser dans la perspective de l’échéance qui se pointe en 2019
et qui coïncide avec la fin du deuxième mandat du Président Mohamed Ould Abdel
Aziz.
Une
première rencontre entre le Président de la République et le nouveau bureau de
l’Institution ouvre déjà la porte à de nouvelles chances d’entamer un dialogue
sain entre les acteurs. Même si Tawassoul reste prisonnier d’une recherche
équilibriste entre un FNDU qui n’entend pas céder une once sur ses positions et
qu’il ne peut envisager de quitter dans l’immédiat, et l’exigence pour lui de
regarder vers l’avenir et de s’assurer l’accomplissement d’une stratégie de
conquête de pouvoir plus ou moins murie.
Comment
faire pour donner à l’Institution toutes les chances de réussir sans toutefois
se heurter aux partenaires du FNDU ? Comment phagocyter les leaderships
traditionnels, les canaliser pour s’en servir le moment venu ? Comment ne
pas éveiller les suspicions des partenaires et des adversaires ? Comment
définir les uns et les autres et sur quels critères ? Comment mettre en
confiance Pouvoir et Opposition pour les ramener à la table de dialogue et
s’imposer ainsi comme le facilitateur du moment ?
Dans
le court et moyen termes, les rapports en politique dépendront des choix que
feront les nouveaux partenaires que sont l’Institution de l’Opposition
démocratique et la Présidence de la République. Si le courant rétabli aboutit à
une ouverture politique des uns sur les autres et si l’Institution réussit à
entrainer dans son sillage ne serait-ce qu’une partie des compagnons du FNDU,
il est probable, même très probable, de voir aboutir une nouvelle dynamique
plus ou moins inclusive. En tout cas un mouvement qui puisse signifier la
reprise du chemin d’une certaine convergence.
A
long terme, il faut envisager l’avènement d’un Monde nouveau débarrassé de
certaines contingences qui nous freinent aujourd’hui, notamment des vieilles
querelles qui tiennent et inspirent encore les acteurs de la scène. La
transition qui durera encore produira nécessairement le renforcement des acquis
en matière de libertés, surtout d’expression, d’association et de
manifestation. Le processus de démocratisation entamé sans démocrates – les
acteurs étant pour leur écrasante majorité produits par les écoles du
monolithisme – trouvera enfin des animateurs à même de le faire avancer sur la
voie du raffermissement de l’Etat de droit garant de l’égalité et de la justice
entre ses citoyens.
Malgré les prophètes qui nous promettent malheurs et
désolations, il faut espérer fermement que l’avenir, le meilleur, est devant
nous.