On croyait les velléités guerrières de la France sérieusement «tempérées»
par le départ de Nicolas Sarkozy dont la politique en la matière était dictée par
le gourou Bernard-Henry Lévy (BHL pour les intimes), celui qui avait inspiré,
conçu et même encadré la guerre de Libye. On sait aujourd’hui combien était
hasardeuse l’entreprise de la France qui avait quand même réussi à tirer avec
elle l’armada de l’OTAN. Résultat : destruction de la Libye, prolifération
des groupes armés échappant à tout contrôle, sanctuarisation de l’espace libyen
par Al Qaeda et ses avatars et grands risques de partition dont les contours se
dessinent déjà. Si l’expédition libyenne a été la première des guerres
nouvelles de la France, elle est un échec total.
L’arrivée au pouvoir du socialiste François Hollande avait fait espérer une démarche moins guerrière, plus modérée, plus humaniste et mieux réfléchie face aux tourments du monde. Mais les échecs sur le plan intérieur allaient imposer à François Hollande une recherche effrénée de quelques palliatifs pour redorer une image sérieusement amochée au niveau intérieure. Le Mali allait lui offrir une première occasion.
On ne saura peut-être jamais pourquoi les bandes armées de Ansar Eddine (groupe salafiste-nationaliste dirigé par Ag Ghali), du MUJAO (mouvement de l’unicité et du Jihad en Afrique de l’Ouest, dissidence de AQMI composé d’une multitude de nationalités dont essentiellement des Arabes du Nord malien), de AQMI (Al Qaeda au Maghreb Islamique, dirigée par les Algériens) et des Murabitounes (groupe dissident dirigé par Belmokhtar alias Bellawar), pourquoi ces bandes ont-elles décidé subitement de foncer sur Bamako, au moment où les manifestations de soutien à la junte éclataient à Bamako. Une convergence d’action qui ne pouvait relever du hasard et qui a eu pour conséquence immédiate l’intervention de l’Armée française.
L’opération Serval servira à repousser les assaillants dans un premier temps. Et pour couvrir cette action unilatérale, la Communauté ouest-africaine (CEDEAO) fut sollicitée : la force deviendra par la suite la mission africaine au Mali (MISMA). Ce sont les Tchadiens qui payeront le prix fort en termes d’engagements sur le terrain et de pertes humaines. Sous couvert de la force internationale timidement rassemblée par les Français dans le cadre de la MINUSMA (mission des Nations Unies au Mali), les forces maliennes avancèrent sur un terrain qu’elles ne pouvaient conquérir définitivement par elles-mêmes. D’abord pour les insuffisances qu’elles connaissent et que tous les équipements et toute l’assistance en formation ne peuvent combler. Ensuite pour ce qu’elles doivent subir d’hostilité de la part de populations meurtries par les exactions commises par cette Armée. Avant de conquérir le territoire, il fallait conquérir les cœurs, ce qui est loin d’être fait.
La France a depuis changé le nom et les objectifs de sa mission : pour Serval on a choisi Barkhane qui a vocation de couvrir tout l’espace sahélien et d’engager plus de moyens et d’hommes. Les délais initialement fixés pour le désengagement sont largement dépassés. On est d’ailleurs parti pour une opération de longue durée, si elle n’est pas indéfinie dans la mesure où on est loin de neutraliser les menaces qui pèsent toujours lourdement sur la région.
Les mines qui sautent au passage des troupes tchadiennes ou nigériennes, les obus qui s’abattent sur les bases de la MINUSMA, le retour avéré des combattants dans les villes du Mali et dans leurs environnements immédiats, le recrutement continu de combattants… tout cela est bien l’expression de l’échec patent de cette deuxième guerre française.
La troisième guerre perdue par la France de François Hollande est celle qui se déroule loin des yeux en République Centrafricaine. Là-bas, les massacres interreligieux continuent, l’occupation du pays par les légions français n’ayant fait qu’ajouter à la confusion générale.
Ce qui n’empêche pas le Président François Hollande d’engager l’aviation française dans les frappes destinées à détruire les combattants de l’Etat islamique en Irak, tout en refusant de faire quoi que ce soit pour la Syrie. Dans cette guerre qu’on mène de loin – à partir des cieux – on peut toujours se targuer de remporter une victoire en détruisant un dépôt d’armes ou un quartier général, sans pour autant changer la donne sur le terrain. Entretemps, cette guerre a mis en avant les ressortissants français qui sont immédiatement devenus une cible pour les Jihadistes radicaux. Toutes ces guerres ne permettent pas cependant de rehausser la popularité du président français dans son pays. Elles ne permettent pas non plus de faire baisser la courbe du chômage ou d’atténuer les effets d’une crise multiforme : politique par la perte des repères idéologiques ; économique par les contreperformances d’une économie française qui ne sort pas de la zone d’instabilité ; morale par tous ces scandales qui éclaboussent la République en général et déprécient l’image d’un Président finalement très «normal».
L’arrivée au pouvoir du socialiste François Hollande avait fait espérer une démarche moins guerrière, plus modérée, plus humaniste et mieux réfléchie face aux tourments du monde. Mais les échecs sur le plan intérieur allaient imposer à François Hollande une recherche effrénée de quelques palliatifs pour redorer une image sérieusement amochée au niveau intérieure. Le Mali allait lui offrir une première occasion.
On ne saura peut-être jamais pourquoi les bandes armées de Ansar Eddine (groupe salafiste-nationaliste dirigé par Ag Ghali), du MUJAO (mouvement de l’unicité et du Jihad en Afrique de l’Ouest, dissidence de AQMI composé d’une multitude de nationalités dont essentiellement des Arabes du Nord malien), de AQMI (Al Qaeda au Maghreb Islamique, dirigée par les Algériens) et des Murabitounes (groupe dissident dirigé par Belmokhtar alias Bellawar), pourquoi ces bandes ont-elles décidé subitement de foncer sur Bamako, au moment où les manifestations de soutien à la junte éclataient à Bamako. Une convergence d’action qui ne pouvait relever du hasard et qui a eu pour conséquence immédiate l’intervention de l’Armée française.
L’opération Serval servira à repousser les assaillants dans un premier temps. Et pour couvrir cette action unilatérale, la Communauté ouest-africaine (CEDEAO) fut sollicitée : la force deviendra par la suite la mission africaine au Mali (MISMA). Ce sont les Tchadiens qui payeront le prix fort en termes d’engagements sur le terrain et de pertes humaines. Sous couvert de la force internationale timidement rassemblée par les Français dans le cadre de la MINUSMA (mission des Nations Unies au Mali), les forces maliennes avancèrent sur un terrain qu’elles ne pouvaient conquérir définitivement par elles-mêmes. D’abord pour les insuffisances qu’elles connaissent et que tous les équipements et toute l’assistance en formation ne peuvent combler. Ensuite pour ce qu’elles doivent subir d’hostilité de la part de populations meurtries par les exactions commises par cette Armée. Avant de conquérir le territoire, il fallait conquérir les cœurs, ce qui est loin d’être fait.
La France a depuis changé le nom et les objectifs de sa mission : pour Serval on a choisi Barkhane qui a vocation de couvrir tout l’espace sahélien et d’engager plus de moyens et d’hommes. Les délais initialement fixés pour le désengagement sont largement dépassés. On est d’ailleurs parti pour une opération de longue durée, si elle n’est pas indéfinie dans la mesure où on est loin de neutraliser les menaces qui pèsent toujours lourdement sur la région.
Les mines qui sautent au passage des troupes tchadiennes ou nigériennes, les obus qui s’abattent sur les bases de la MINUSMA, le retour avéré des combattants dans les villes du Mali et dans leurs environnements immédiats, le recrutement continu de combattants… tout cela est bien l’expression de l’échec patent de cette deuxième guerre française.
La troisième guerre perdue par la France de François Hollande est celle qui se déroule loin des yeux en République Centrafricaine. Là-bas, les massacres interreligieux continuent, l’occupation du pays par les légions français n’ayant fait qu’ajouter à la confusion générale.
Ce qui n’empêche pas le Président François Hollande d’engager l’aviation française dans les frappes destinées à détruire les combattants de l’Etat islamique en Irak, tout en refusant de faire quoi que ce soit pour la Syrie. Dans cette guerre qu’on mène de loin – à partir des cieux – on peut toujours se targuer de remporter une victoire en détruisant un dépôt d’armes ou un quartier général, sans pour autant changer la donne sur le terrain. Entretemps, cette guerre a mis en avant les ressortissants français qui sont immédiatement devenus une cible pour les Jihadistes radicaux. Toutes ces guerres ne permettent pas cependant de rehausser la popularité du président français dans son pays. Elles ne permettent pas non plus de faire baisser la courbe du chômage ou d’atténuer les effets d’une crise multiforme : politique par la perte des repères idéologiques ; économique par les contreperformances d’une économie française qui ne sort pas de la zone d’instabilité ; morale par tous ces scandales qui éclaboussent la République en général et déprécient l’image d’un Président finalement très «normal».