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vendredi 26 septembre 2014

Claude K. nous quitte

Je l’ai connu en 2004 à Paris où je l’ai rencontré pour la première fois par l’entremise de mon ami Diop Moustapha, l’ancien chef de la Marine, ancien directeur de la Sûreté du temps de Ould Haidalla, devenu opérateur dans le secteur des pêches, à l’époque activiste politique persécuté par le régime policier de Ould Taya. Entre Diop et moi, une forte affinité s’était établie, occultant tout ce qui nous séparait et qui a fini par ne plus compter, tellement la relation personnelle et l’affection qui la nourrissait prenaient le dessus. «L’ami de ton ami est ton ami…»
Les deux hommes venaient de lancer le projet de la plate-forme CRIDEM et ils me démarchaient pour avoir mon soutien et la permission de publier mes textes. Je ne pouvais pas refuser.
Le soutien, parce que je suis un fervent militant de la liberté d’expression et je voyais dans l’arrivée sur la scène médiatique d’un portail comme CRIDEM, une chance de développer la presse et de la protéger contre les représailles du gouvernement. La permission de publier mes textes, parce que cela me permettra d’avoir un espace de plus.
Diop Moustapha me raconta les liens très forts entre les «enfants de troupes», me parla des colonels Eli Ould Mohamed Val, Baby Housseinou… Je les taquinais en les accusant d’agir comme s’il s’agissait d’une loge maçonnique, lui préférait parler de «fratrie». Je comprendrai plus tard qu’il s’agit de relations humaines profondes comme il est difficile d’en trouver en ces temps troubles de déshumanisation généralisée des rapports.
Ma relation avec Claude K. passait nécessairement par le filtre Diop Moustapha, plus tard, beaucoup plus tard, un autre ami essayera de nous rapprocher quand je lui reprochais de laisser passer des insultes et de la diffamation sous formes de commentaires des textes repris par son site. Malgré toutes les divergences qui nous séparaient, malgré le peu de contact direct qu’on avait, j’ai toujours respecté en Claude K. cette volonté de trouver une place dans un environnement hostile qu’il a fini par s’approprier en devenant un fils du pays par une alliance matrimoniale qui légitimait parfaitement sa mauritanisation. Il est devenu l’un des nôtres, quelqu’un d’incontournable dans l’espace médiatique de ce pays. Il avait sa place dans nos cœurs, une place qu’il a conquise lui-même. On avait fini par le chercher à toutes les occasions publiques (c’est bien parce que je ne l’avais pas vu à deux circonstances politiques publiques que j’ai demandé pour apprendre qu’il était malade).
A sa famille d’ici et de France, à ses amis et compagnons qui sont devenus ses frères, à tous nos confrères de CRIDEM, je présente mes condoléances les plus attristées.