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mardi 16 septembre 2014

Ebola, l’autre guerre

C’est une véritable guerre qu’il faut mener contre le virus Ebola qui continue à faire des ravages en Afrique de l’Ouest (et pas seulement). La mobilisation internationale et locale (dans les pays africains) prend l’allure d’un film sur grand écran, avec notamment la décision du gouvernement du Sierra Leone de «confiner» la population chez elle pendant trois jours, mais aussi l’envoi dans ce pays de plus de trois mille soldats américains.
En 1995, le réalisateur Wolfgang Petersen sortait «Outbreak», un film traduit en Français sous «Alerte !» avec entre autres grandes figures du cinéma, l’acteur Dustin Hoffman. Le film raconte l’itinéraire d’un virus arrivé en Californie par un petit singe venu d’Afrique et introduit frauduleusement aux Etats Unis. Il se propage à une vitesse qui laisse présager la fin de l’Humanité. La trame tourne autour la volonté des «bruts» qui préconisent une opération militaire contre la petite ville où le virus semble avoir sévi, et le colonel Sam Daniels (Dustin Hoffman) qui croit à une solution «scientifique».
Au cours de l’histoire, on apprend qu’il s’agit d’un virus «cultivé» dans le cadre de la guerre bactériologique envisagé par les Américains contre le reste du monde. Le virus aurait été cultivé en Afrique. Une souche de ce virus a contaminé des animaux de la jungle et notamment des singes qui servent dans des trafics avec l’Europe et l’Amérique. A un moment du film, on voit comment l’administration américaine avait décidé de détruire les villages et camps militaires où la culture du virus s’effectuait, pour faire disparaitre toute trace du méfait.
Depuis que j’ai vu ce film, je m’attends à une hécatombe du genre. Nous l’avons depuis les pays de l’Afrique de l’Ouest. Il ne s’agit pas ici de suggérer une quelconque possibilité de manipulation à grande échelle, même si avec ces gens-là il ne faut rien exclure. La situation est grave et mérite qu’on se mobilise tous pour expliquer, sensibiliser en espérant faire peur pour éviter la propagation de la maladie qui a fait des milliers de victimes en quelques mois.
Le virus Ebola – et non «Epola» comme prononcent certains journalistes des télévisions et radios privées – doit son nom à une rivière de la République démocratique du Congo, ancien Zaïre. C’est aux abords du cours de cette rivière que le virus a fait sa première hécatombe en 1976 (280 morts sur 318 contaminés). Plus tard, on saura qu’il s’agit d’une maladie fulgurante mortelle à 90% et pour laquelle il n’existe aucun traitement.
On sait que le virus passe de l’animal à l’homme (de la chauve-souris au singe puis à l’homme). Il se transmet par contact direct avec des liquides organiques comme le sang, le sperme, les excrétions, la salive et tout ce qui peut provenir de la personne malade. C’est ce qui explique la montée de la contamination dans le personnel médical traitant.
Il y a deux semaines, un prédicateur mauritanien a été atteint d’un accès de forte de fièvre. Il a été immédiatement isolé à l’hôpital Zayed où il a été transféré. Malgré la présence presque permanente du personnel médical, le médecin traitant a été surpris de le voir entouré de sa famille : sa sœur qui lui tenait la tête, son frère qui lui massait les pieds, quelques disciples qui essayaient de s’asperger de sa salive qui dégoulinait. C’est dire combien il est difficile de faire respecter les règles de sécurité dans des sociétés comme la nôtre où les règles de la convivialité font fi de la prévention.
Les rituels funéraires ont été pour beaucoup dans la propagation du virus dans certains pays. La question aujourd’hui est de savoir si les exégètes de la religion peuvent émettre des avis dispensant les morts du virus d’être traités comme des morts normaux.
Une montée soudaine de fièvre accompagnée de céphalées avec des maux de gorge, des diarrhées et des vomissements ainsi que des éruptions cutanées qui apparaissent très vite. Très vite aussi on constate que les reins et le foie sont affectés pour donner les hémorragies internes et externes. Dans 50 à 90% des cas, le décès intervient alors. Entre le moment de la contamination par le virus et sa manifestation (période d’incubation) on peut compter de 4 à 9 jours, alors que le temps de la maladie dure entre 6 et 16 jours.
La menace est grave pour tout l’espace ouest-africain, donc pour nous. Il est donc urgent et nécessaire de faire attention. Faire attention à tous les malades de fièvre qui manifestent des symptômes assimilables à ceux d’une fièvre hémorragique, n’importe laquelle. Faire attention aux parents et amis qui reviennent de pays à risques. Etre plus exigent quant à l’hygiène notamment l’hygiène personne : se laver les mains chaque fois que cela est possible. S’abstenir de toucher les malades soupçonnés d’être atteints.
Les partis politiques, les syndicats, les médias, les mosquées, les chefs de village… tout le monde doit se mobiliser pour sensibiliser les populations. Nous n’avons pas le droit d’attendre sans rien faire, sans rien dire. Cela relève du volontarisme et de l'engament personnel.