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jeudi 11 septembre 2014

La folie qui provoque la folie

On ne peut pas résister à la tentation de commémorer l’évènement. De se rappeler ce coup porté au cœur de l’Amérique. Même si l’on se remémore les milliers de morts des tours newyorkaises, on n’a pas le droit d’oublier les centaines de milliers de morts à la suite de l’expédition punitive américaine en Afghanistan, en Irak, au Yémen, en Syrie, partout dans le monde. Je ne parle pas ici des combattants des organisations terroristes, mais des civils qui ont fini par se compter en centaine de milliers. Mais qui s’en occupe ?
Il est sûr que la folie meurtrière des Jihadistes d’Al Qaeda a provoqué la folie guerrière d’une Amérique au summum de son arrogance et de sa force destructrice.
Treize ans après, nous sommes en droit de nous demander si le Monde va mieux depuis que l’Amérique a mené cette guerre. Ce ne sont pas les assassinats ciblés de dirigeants d’Al Qaeda qui ont mis fin à son activité. Encore moins la mort de son chef historique, Usama Ben Laden. Ce n’est pas la destruction de l’Afghanistan, puis de l’Irak qui ont circonscrit l’action des groupes terroristes. Pas un lieu dans le monde qui ne soit sous la menace aujourd’hui. Pas un ressortissant américain ou occidental en général n’est véritablement en sécurité en son fort intérieur. En plus de foyers de tensions multiples.
En Europe, le reflux des combattants jihadistes revenus de Syrie et du Levant pose un sérieux problème. Il peut même entrainer la remise en cause des principes de liberté parce qu’il entraine des excès. Dans la plupart des pays Balkans, dans les républiques islamiques de l’ancienne URSS, dans les minorités nationales, les frustrations sont telles qu’elles ne peuvent que s’exprimer avec violence. Un jour ou l’autre.
En Afrique, il y a eu les Shebabs de Somalie, Al Qaeda au Maghreb Islamique, aujourd’hui Boko Haram… toutes ces organisations sèment la mort et la désolation. Il faut y ajouter des foyers qui ne manqueront pas d’alimenter les organisations extrémistes de nouvelles recrues (Centrafrique, Kenya, Libye, Egypte…). Nous allons vers une guerre globale qui intéresse peu dans la mesure où elle se déroule en terre africaine. Certes il y a eu les réactions françaises au Mali et en Centrafrique. Mais ces réactions ont compliqué les donnes au lieu de trouver des solutions aux problèmes posés.
Mais le plus significatif est ce qui se passe au Moyen-Orient, avec cette guerre que livre le nouvel Etat Islamique d’Iraq et du Levant (EIIL). N’est-ce pas là la preuve de l’échec patent de la politique américaine dans la région ? Après des années d’occupation, de lutte contre les groupes terroristes, l’Armée américaine s’est retirée en laissant derrière elle un pays éclaté, divisé en mille factions. En laissant surtout un groupe qu’elle a soutenu et armé dans un premier temps, et qui nargue aujourd’hui la communauté internationale. Ce groupe, l’EIIL n’a dérangé que quand il a commencé à s’attaquer aux minorités chrétiennes et yazidies. Pourtant, il a commencé par assassiner les Sunnites et les Chiites d’Irak. Mais cela ne dérangeait personne. Il a tué en Syrie où il a bénéficié d’une complicité certaine des alliés des Etats Unis.
Treize après les premières expéditions punitives des Tuniques bleues, la situation n’a fait qu’empirer. Moins de deux ans après leur retrait historique d’Irak, les «boys» sont obligés de revenir sur les lieux pour soi-disant finir le travail. Un cercle vicieux, très vicieux d’ailleurs. Tant que les Américains sont là, les guérillas se nourriront de cette présence.
La même logique qui a fait intervenir une nouvelle fois les Américains en Irak, devait ramener l’OTAN en Libye. Ce pays dont la destruction a été assurée par l’organisation militaire occidentale sous la pression de la France. Ce pays aujourd’hui en proie à la guerre civile et au bord de l’effondrement. où est passé le Messie Bernard-Henry Lévy ? où sont passées les envolées lyriques de l’époque ? où est passé l’amour pour la Libye et son peuple ?
…Le 11 septembre 2001, quelques dix-neuf personnes – toutes formées en Occident – orchestrent un coup sans précédent. Leur acte inconsidéré allait servir à l’Amérique de George W. Bush, en mal de légitimité, pour imposer un nouvel ordre qui s’avérera un désordre, une sorte de dérèglement du Monde et de ses mécanismes.
Cet acte a aussi été une catastrophe pour les Musulmans. Ces gens ont tué plus de Musulmans que de Chrétiens ou de Juifs. Ils ont mis en quarantaine une communauté, contribuant à la stigmatiser partout où elle se trouve.
Ces gens n’avaient rien à proposer, n’ont toujours rien à proposer que la mort comme projet. Ils ne pouvaient pas, ne peuvent toujours pas incarner l’espoir. Ils sont juste une justification de légitimation d’une violence aveugle exercée par les plus forts, les plus riches, ceux qui, depuis trois siècles pillent, tuent, exploitent, détruisent sans discernement.