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lundi 11 août 2014

Chrétiens, Yazidis, mais aussi Musulmans

A entendre Européens et Américains, les crimes commis par l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) ne touchent que les minorités religieuses, Chrétiens et Yazidis (ce mélange entre Islam et Mazdéisme). C’est pour eux seulement que «la communauté internationale» s’émeut, c’est pour eux qu’elle bouge. Alors que les millions de Musulmans, Sunnites et Chiites, sont les premiers à souffrir de la barbarie instaurée ici par l’EIIL. Ils sont beaucoup plus nombreux à mourir parmi les Arabes et les Kurdes Sunnites et Chiites, à mourir sinon à prendre le chemin de l’exil. Depuis le début de l’offensive des groupes armés, ils ont été les premiers à subir dans le sang cette barbarie meurtrière. Mais cela ne fait bouger personne.
Aujourd’hui que cette «communauté internationale» consent enfin quelque assistance très ciblée et très limitée dans le temps et dans l’espace, elle ne concerne que les seules minorités religieuses. Une façon d’avoir bonne conscience face aux opinions publiques, face à l’Histoire.
N’est-ce pas la faute des Américains et des Occidentaux en général si l’Irak est aujourd’hui au bord de l’effondrement total ? s’il s’effondre brutalement… Le cycle est passé par l’embargo, puis par l’occupation qui a permis de diviser les populations et de condamner le pays à éclater…
Le gouvernement auquel la gestion du pays a été confiée s’est attelé à approfondir les clivages confessionnels et ethniques. De manière à ce que la partition soit aujourd’hui inévitable. Les contours d’un pays pour les Sunnites, d’un autre pour les Chiites se dessinent, alors que le Kurdistan est déjà indépendant. Quand on engage l’opération d’armement des Peshmergas, c’est bien une façon de consolider cet Etat kurde et de lui donner les moyens militaires et psychologiques de son indépendance totale.
A l’origine de ces mouvements fondamentalistes qui détruisent aujourd’hui nos sociétés et nos projets de développement, il y a eu la volonté de l’Occident impérialiste de faire barrage aux nationalismes libérateurs. En face des discours révolutionnaires des Nassériens et des Baathistes, il fallait développer une vision conservatrice, même en risquant de la laisser afficher une volonté réformiste au nom de l’Islam. Les conservatismes pour contrer la révolution.
Al Qaeda est née du conflit d’Afghanistan qui était devenu le théâtre – le dernier – de la guerre froide. Encadré par la CIA, le mouvement est toujours passé par une phase de collaboration étroite avec les Américains. Qu’il se retourne après contre eux importe peu dans la mesure où les actions menées serviront toujours les desseins des puissances impérialistes.
Quand les Américains ont compris qu’il n’était pas possible pour eux de gérer directement un pays comme l’Irak, quand ils ont été incapables de mettre fin à la vaillante résistance, ils ont décidé de le quitter et d’y implanter avant de partir des groupes combattants qui continueront à semer terreur et désolation. L’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL) est d’abord une création des Américains.
Si aujourd’hui, il est mieux armé que les Monarchies du Golf, plus riche que la plupart des pays arabes, c’est bien parce qu’il a bénéficié de soutiens décisifs. Il n’est pas sorti du néant.
Dans les objectifs déclarés de Da’ish (EIIL), il n’est pas dit qu’Israël doit disparaitre de la carte alors que c’est en général le premier justificatif avancé par ce genre de mouvement et d’idéologie. Il n’y a même pas de place pour  le soutien à la résistance palestinienne, pas le moindre communiqué en cette période de guerre ouverte contre le peuple palestinien.
Pauvres Arabes… La Syrie est déchirée, tout comme la Libye, l’Egypte, l’Irak, le Yémen… la menace pèse sur la Tunisie, l’Algérie, le Bahreïn…
Pauvres Musulmans… existe-t-il une seule zone où ces groupes ne sèment pas la mort compromettant à jamais l’avenir de ces peuples ?