Hier,
mardi 21/7, le ministre de la défense et le chef d’Etat Major général des
Armées nationales supervisaient la sortie d’une nouvelle promotion des
officiers d’Etat Major formés à l’école nationale d’Etat Major. C’est la
septième promotion formée ici. Ce qui la distingue, c’est la présence en son
sein d’officiers saoudiens et jordaniens. La précédente promotion comptait un
saoudien dans ses rangs. L’occasion de nous rappeler que jusqu’à la création de
cette école, nos officiers étaient reçus dans ces pays pour les préparer au «commandement
des unités et au travail d’Etat Major» (mission de l’école).
Dans
son allocution à cette occasion, le Général de Brigade Mohamed Ould Cheikh
Ahmed (Ould Ghazwani), chef d’Eta Major des Armées a expliqué que la formation
d’une ressource humaine compétente et performante a été au centre des
préoccupations nationales. C’est pourquoi notre Armée nationale a créé
plusieurs centres de formation et même des pôles d’excellence en vue d’accueillir
les jeunes mauritaniens désirant servir sous le drapeau.
A
côté de l’Ecole nationale d’Etat Major, il faut désormais compter une Ecole de
l’aéronautique (Atar), une Ecole Supérieure Polytechnique, le Lycée militaire…
L’Ecole Interarmes d’Atar a vu son cursus changer pour devenir une académie
militaire délivrant des diplômes équivalents à ceux des universités du pays. Les
autres centres d’instruction, d’entrainement et de formation de l’Armée ont été
renforcés pour permettre une plus grande efficacité des troupes et personnels d’encadrement.
Le
Chef d’Etat Major des Armées a insisté sur le contexte pour rappeler que le
perfectionnement du personnel de commandement va garantir la bonne réussite des
réformes entreprises dans le sens de la restructuration des forces armées.
«L’Institution
militaire, a-t-il conclu, est devenue incontestablement un acteur de
développement à travers sa participation distinguée au renforcement des
capacités des autres départements, notamment la santé, l’éducation, la
construction des routes, la réalisation de réseaux d’adduction d’eau et d’assainissement
en plus de son intervention dans les domaines humanitaires». Le lieu d’évoquer
non seulement les écoles de formation, mais le rôle du Génie militaire, de l’Hôpital
militaire… Sans oublier la mission première qui est celle de protéger le pays
et les populations et de garantir l’intégrité du territoire national.
Créées
par la loi 60/189 du 25 novembre 1960, les forces armées mauritaniennes sont
longtemps restées le parent pauvre de l’Appareil d’Etat. Au tout début, la
Mauritanie, fortement inspirée par le tempérament légendaire maraboutique, a
opté pour une morale politique profondément pacifiste. «La Suisse de l’Afrique»
- c’est comme ça que les pionniers la voulaient – n’avait pas besoin d’une
armée forte qui pouvait devenir une menace pour le pouvoir.
La
guerre du Sahara allait imposer à la Mauritanie de faire autrement. De quelques
cinq mille hommes, l’Armée passe à près de vingt mille recrutés dans l’urgence.
C’est cette Armée qui prend le pouvoir en 1978 sous prétexte qu’elle menait une
guerre injustifiée et qui menait le pays droit à l’effondrement. Le problème, c’est
qu’il y aura plus d’officiers qui seront tués après la guerre : l’instabilité
y est pour quelque chose.
Quand
survient la démocratisation en 1991-92, l’Armée nationale est perçue par le
pouvoir comme une source d’inquiétude. Une opération de sape est engagée plus
ou moins officiellement. Ce qui n’empêche pas la secousse du 8 juin 2003. Le
pouvoir de l’époque avait cru se mettre en sécurité en enlevant toutes les
possibilités de réaction à toutes les unités autres que celle chargée de
sécuriser le Président et dont les Blindés sont le fer de lance. Quand la sédition
est le fait du bataillon blindé, aucune autre unité n’a les moyens de faire
face aux chars. Le putsch de juin 2003 intensifie l’hystérie du pouvoir qui
continue dans sa volonté d’écraser l’Armée pour anéantir toute velléité de rébellion.
Quand
le 4 juin 2005, une unité combattante du Groupe salafiste de prédication et de
combat (GSPC devenue AQMI) extermine la base mauritanienne de Lemghayti, les autorités
n’ont aucun scrupule à faire appel aux groupes privés d’affaires pour mobiliser
la troupe et l’équiper afin de lancer une folle poursuite à des milliers de
kilomètres de la capitale Nouakchott.
La
transition de 2005-2007, puis le pouvoir civil (2007-2008) ne feront aucun
effort pour réhabiliter la force de frappe de l’Armée nationale. L’attaque de
Tourine (15 septembre 2008) et l’assassinat d’une douzaine de Mauritaniens
rappellera au tout nouveau pouvoir que l’urgence était là.
Lancement
des unités antiterroristes (GSI), rétablissement de l’autorité nationale sur l’ensemble
du territoire (symbole de ceci, le retour des forces mauritaniens à Aïn Bintili
à l’extrême nord, poste quitté en février 1976 après l’attaque du Polisario),
création de bases avancées aux frontières est et nord, équipements et
formations d’unités combattantes, amélioration considérable des conditions de
vie et de travail des éléments des forces armées, réhabilitation du principe de
la compétence, assainissement du commandement et de l’encadrement en général…
Assez
pour envisager les expéditions punitives et préventives contre les groupes
terroristes dans le Sahara malien. La stratégie adoptée à l’époque a permis à
la Mauritanie d’éviter d’être entraînée par le bourbier malien qui devait
suivre. Aujourd’hui l’Armée nationale contrôle parfaitement la situation. Elle a
une force de réaction rapide et efficace… grâce notamment à ce pari sur la
ressource humaine.