Pitoyable
Ban Ki-moon, pourtant secrétaire général des Nations-Unies, ânonnant un texte
lu sans conviction et visiblement sous le contrôle de Benyamin Netanyahu,
Premier israélien. L’image est frappante et exprime le désespoir de ce Monde.
Benyamin
Netanyahu qui demande au secrétaire général de l’ONU, «que feriez-vous, si
demain votre pays est attaqué ?», et qui répète la question pour avoir
une réponse dans l’immédiat. Avec cet air de défiance qui rappelle l’attitude d’instituteurs
méchants attendant la mauvaise réponse pour sévir. Et Ban Ki-moon qui bafouille,
comme le plus mauvais des élèves, pour dire qu’il comprend Israël «qui subit
les attaques du Hamas et qui a le droit de protéger sa population». Il pleure
pour quelques tirs qui n’ont finalement fait qu’une victime et se tait sur un
massacre de civils, femmes, enfants et vieillards, sur une destruction
systématique d’une zone, d’un pays par une force d’occupation.
Le
secrétaire général de l’ONU ne payait pas de mine à côté du Premier ministre
israélien revigoré par tant de sang qui coule. Cette image restera celle qui
exprimera le mieux l’incapacité de la communauté internationale à imposer le
droit, à faire prévaloir la vérité et la justice.
Alors
qu’Israël n’a jamais accepté d’appliquer une résolution de l’ONU, alors qu’il
mène une guerre aveugle et sans objet (détruire les capacités de nuisance de la
Résistance est un leurre utilisé par la droite), alors qu’il assassine les
innocents par centaines, qu’il détruit les hôpitaux et les écoles du
commissariat aux réfugiés de l’ONU, alors qu’il fait fi de toutes les valeurs
humaines, de toutes les règles universellement reconnues en période de guerre…,
voilà que Ban Ki-moon se fait tout petit, tout petit – il en devient minuscule,
lui qui était déjà tout maigre -, tout petit à côté de Benyamin Netanyahu…
Pendant
ce temps au Caire, John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, prend lui aussi
la défense d’Israël. Il justifie l’entreprise meurtrière qui dure depuis deux
semaines. Tout en promettant de «tout faire pour arriver à un cessez-le-feu».
Qu’est-ce qui peut être fait si les Américains cautionnent publiquement ce
massacre ?
Pendant
ce temps l’Europe est réunie pour discuter de la position à prendre. Le ministre
français des affaires étrangères Laurent Fabius, le plus sioniste des
socialistes français, finit quand même par laisser tomber le mot «massacres»
et le qualificatif «inacceptables». Cela veut bien dire que tous les
excès ont été commis, que la ligne rouge a été franchie…
Pendant
ce temps, la Syrie, l’Irak, la Libye sombrent un peu plus dans le chao de
guerres civiles. Les fous de l’Etat Islamique de l’Iraq et du Levant (Daa’ish)
épurent les zones qu’ils contrôlent de tout ce qui n’est pas Al Qaeda :
Chrétiens, Musulmans modérés, Kurdes et populations non arabes… tous sont
appelés à quitter leurs terres au plus vite. Dans l’indifférence générale.
Pendant
ce temps, les frères arabes vivent une sorte de torpeur et sont incapables de
réaction… incapables de prendre l’initiative pour amener leurs alliés (et
mentors) américains à faire pression sur Israël, d’exiger des groupes
jihadistes sévissant en Syrie et en Irak de laisser tranquilles les populations
innocentes, ou même de dénoncer publiquement ce qui arrive tout autour…
Pendant
ce temps et alors qu’ils attendaient que le ciel leur tombe sur la tête, les
Israéliens découvrent que la destruction de Gaza, que le maintien du blocus
autour de cette enclave affamée et privée de tout ce qui peut permettre la vie,
que tous les efforts consentis par leur pays avec la complicité internationale
(y compris des Arabes) n’a pas empêché la résistance palestinienne de
construire un Gaza souterrain permettant de porter le danger au cœur des
colonies construites sur leurs terres spoliées.
Ce
n’est pas la destruction de «Gaza underground» qui va apporter la paix
dans la région et éloigner le spectre de la mort et de la désolation. Quelqu’un
a dit que reconstruire la Gaza «apparente», lui donner les moyens de
vivre, lui ouvrir les accès à l’extérieur, laisser y arriver médicaments,
nourriture, y construire des écoles, réhabiliter son tissu économique, lui
donner le droit de choisir ses gouvernants et la capacité de s’autogérer,
libérer ses habitants qui sont actuellement dans la plus grande prison du monde…,
c’est seulement cela qui permettra d’envisager une paix réelle et durable.
Il n’y a pas que Gaza, il y a aussi toute la
Palestine, avec le retour aux résolutions internationales, celles qui
préconisent la création de deux Etats, il y a les prisonniers, les réfugiés de
48 et de 67, il y a la question de la légitimité de la lutte pour le
recouvrement de ses droits, pour la liberté, pour la justice…