J’ai lu ce matin que le Forum national pour la
démocratie et l’unité a décidé le boycott de la future présidentielle. Habitué aux
titres racolleurs de notre presse électronique, je suis allé directement au
communiqué du FNDU pour découvrir qu’à la suite de sa réunion du 3 mai, le
Conseil de Suivi et de Concertation du FNDU, le rassemblement «ne se sent pas concerné par les élections
présidentielles découlant de l’agenda en cours». Ce n’est pas un boycott au sens politique du
terme, c’est juste une déclaration d’intention.
Si l’on veut traduire en langage
simple et populaire : «On n’est pas concerné par ce qui se passe ou va
se passer». Passé le premier moment de perplexité, je relis le communiqué
et je découvre la logique qui soustend sa rédaction : le FNDU «1. Constate
que le dialogue amorcé ces
dernières semaines se trouve dans une impasse du fait du refus du pouvoir
d’accepter toute mention relative à un calendrier consensuel pour l’application
des points d’accord éventuels et du fait aussi de son obstination à poursuivre
son agenda électoral unilatéral en cours. 2. Affirme
que les élections programmées dans
le cadre de l’agenda fixant le premier tour des élections présidentielles au 21
juin 2014 ne sont nullement consensuelles et ne sont porteuses d’aucune réponse
satisfaisante à la crise politique que traverse le pays. 3. Déclare que le FORUM reste convaincu qu’un dialogue sincère
couvrant l’ensemble des préoccupations nationales reste la voie idéale pour
aboutir a des élections consensuelles. Il confirme en conséquence sa
disponibilité permanente à s’engager dans tout dialogue crédible fonde sur une
volonté partagée de recherche d’une solution de sortie de crise servant les
intérêts supérieurs de la Nation. 4- Par conséquent le FORUM ne se sent pas concerné par les
élections présidentielles découlant de l’agenda en cours».
Ou l’on a choisi de verser dans la subtilité pour atténuer l’effet
de la décision en déclarant juste qu’on n’est «pas concerné». Auquel cas,
il faut penser que toutes les portes restent ouvertes dans la mesure où «le
FORUM reste convaincu qu’un dialogue sincère couvrant l’ensemble des
préoccupations nationales reste la voie idéale pour aboutir à des élections
consensuelles». Il faut alors en déduire que même après l’élection
présidentielle le dialogue pouvait continuer. Ce qui serait bien possible dans
la mesure où le pouvoir pourra saisir l’occasion pour arriver à un accord
politique permettant l’ouverture du champ aux partis boycottistes par la
dissolution de l’Assemblée nationale et des conseils municipaux en contrepartie
de la légitimation de l’élection présidentielle (en tout cas sa non remise en
cause). Il faut quand même rappeler qu’à part le Rassemblement des forces
démocratiques (RFD), toutes les autres parties sont peu ou pas intéressées (ou pas particulièrement intéressées, trouvez la formule qui vous
sied) par la présidentielle. Alors tout est possible.
Si rien ne se cache derrière la formule trouvée par le
FNDU, alors il faut juste en rire en ce 5 mai, journée internationale du rire. Dans
un pays où le recul de la joie a eu plus d’effets négatifs que toutes les
sécheresses réunies, que toutes les prédations, que toutes les opérations de
sape perpétrées par ses fils, dans ce pays, le salut peut venir de la
réhabilitation du rire et de la joie.
Quand on pense à tout le chemin parcouru depuis le
Front démocratique uni pour le changement (FDUC), en passant le Front des
partis d’opposition (FPO), la Coalition des forces du changement démocratiques
(CFCD)… à tous ces acronymes qui ont finalement donné le FNDU pour un jeu de
rôles dont les acteurs sont restés les mêmes, les méthodes les mêmes, les
discours les mêmes, les outils les mêmes, pour une alternance qui est restée au niveau des lettres de l'acronyme (alternance consonantique avec un R qui remplace un S dans le cas du PRDS, un U un C ou un D un U)…
Comme pour la sécheresse, il y a eu
un phénomène de cycles qui s’est traduit tantôt par la participation
engageant une reconnaissance de fait du pouvoir, tantôt le boycott avec l’affirmation
du rejet de la légitimité de ce pouvoir qu’on finit par supplier d’aller au
dialogue après avoir exigé son départ et sans le rapport de force à
même d’imposer sa volonté.
Il faut juste en rire.