Je commence depuis hier à émerger. Al hamdu liLllahi.
A tout moment de la vie, on se doit de faire cette profession de gratitude
envers Le Bienveillant… je ne sais comment dire cela, alors je le dis tout
simplement : al hamdu liLlah, encore et toujours…
Depuis le temps que j’ai arrêté d’alimenter le blog,
j’ai perdu le fil des évènements. De là où je suis, j’entends et vois
parfois les évolutions du pays. Le dialogue qui a fait pschitt. La marche du
siècle qui a finalement été ce qu’elle devait être : une marche qui a rassemblé tous les épris de justice et d’égalité et pas seulement les
Haratines. La longue marche d’une délégation des rapatriés qui doit finir dans
les heures qui viennent devant la présidence à Nouakchott. Les candidatures à
la présidentielle : celle effective du Président Mohamed Ould Abdel Aziz,
celles annoncées de Birame Ould Dah Ould Abdeidi, de Me Ahmed Salem Ould
Bouhoubeyni (Bâtonnier de l’Ordre national des avocats), de Ibrahima Moktar
Sarr (président AJD/MR), de Boydiel Ould Hoummoid (président du Wiam), Lalla
Meryem Mint Moulaye Idriss (ancienne directrice-adjointe du Cabinet de Taya),
de Messaoud Ould Boulkheir ou de l’un de ses poulains de l’APP, celles qui
étaient attendues dans certains milieux et qui n’arriveront visiblement pas,
les partis politiques du FNDU ayant annoncé, un à un, le boycott de l’élection
présidentielle préparant ainsi lé dacision du regroupement qui ne tardera pas.
Ce soir, j’ai le temps de suivre l’actualité en
Mauritanie. Comme d’habitude, TVM à 20 heures, Al Wataniya à 20:30, Sahel TV à
21 h et Al Mourabitoune à 22 h. Toutes les chaines ouvrent sur les marches des
syndicats en ce 1er mai. TVM est la seule cependant à donner toutes
les marches, mêmes celles des syndicats les plus insignifiants. Les autres
chaines choisissent l’une ou l’autre des centrales, sans explication des
raisons du choix. On sait que chacun des syndicats – en tout cas les plus «enracinés»
parmi eux – est affilié à un parti politique. Mais ce ne sont pas tous les
partis qui ont «un bras syndical» : l’Union pour la République
(UPR), l’Union des forces du Progrès (UFP), Al Moustaqbal, l’Alliance populaire
progressiste (APP), Tawaçoul ont leurs syndicats ; ce n’est pas le cas du
Rassemblement des forces démocratiques (RFD) qui a ignoré l’instrumentalisation
de ce pan actif dans la lutte sociale.
En général, les syndicats qui ne sont pas des
ex-croissances des partis, sont l’expression d’un positionnement pour leurs
leaders. La période transitoire 2005-2007 a connu la plus grande explosion en
la matière. C’est un peu une manière pour ceux qui n’ont pas eu d’emplacement
sur l’espace politique de se frayer un chemin en proposant de supposés services
aux politiques, particulièrement aux autorités qui ont souvent besoin d’appuis
même factices.
Quand on parle de marche cette semaine, c’est
certainement à celle du 29 avril que l’on doit faire référence d’abord. Pour ce
qu’elle comporte de symbole (marche pour les droits) et pour ce qu’elle a
finalement été (une marche des Mauritaniens et non «d’une partie des
Mauritaniens»). Oui, cette marche a certainement permis de remettre en
surface la question lancinante de la citoyenneté, celle de l’esclavage dans les
aspects pratiques et séquelles. Une reconnaissance par tous de la nécessité
d’agir afin de refonder un système égalitaire, à même d’imposer aux
Mauritaniens des valeurs de justice et d’équité.
Je regrette – on regrettera encore – la présence
massive des leaders politiques dans les premiers rangs de la manifestation.
Cela donnait l’impression d’une instrumentalisation d’une classe de leaders
incapable de mobiliser par elle-même et qui est prête à enfourcher toutes les
montures que «le Temps lui propose» (traduit du Hassaniya). C’est d’autant plus désolant qu’après plus de soixante ans d’indépendance, ce sont
des fils de cette communauté, des victimes de ces conditions (parfois
seulement) qui inspirent les revendications sur les questions de l’esclavage et
de l’intégration des Haratines dans une société égalitaire, contenues dans le
Manifeste de 2013… Ce qui a donné un aspect sectaire à la démarche alors
qu’elle est la conséquence de l’incapacité des partis unitaires – au pouvoir
ou dans l’opposition – de prendre en charge ces questions de manière à
satisfaire les attentes de l’élite des couches déshéritées.
Il est à regretter aussi que ceux parmi cette élite
Haratine qui avait le plus la parole, ne sont pas les plus représentatifs dans
la lutte pour les droits. Certains d’entre eux ont même cautionné, justifié,
parfois pratiqué eux-mêmes l’injustice qui consiste à exploiter son frère soit
en le faisant travailler sans contrepartie, soit en faisant de sa souffrance un
fonds de commerce pour négocier tel ou tel placement dans le système politique.
La
campagne présidentielle prochaine doit être le lieu d’un véritable débat sur la
question. Elle doit obligatoirement se faire autour de propositions claires et
réalistes. La feuille de route adoptée récemment par le gouvernement peut être
une base de départ…