L’enfant
se tordait sur son lit. Il était pris par de fortes convulsions qui raidissaient
son corps menu. Il était déjà frêle bien avant sa maladie. Ceux qui
l’entouraient avec toute la bienveillance qui sied en pareils moments, étaient
malheureux de le voir se tortiller ainsi sans pouvoir apaiser ce qui semblait
douloureux. La scène était insupportable. La mère s’était retiré à part pour
éviter de voir son enfant dans un état pareil.
Depuis
le matin, l’enfant avait été admis dans une clinique privée de Nouakchott. Il
avait été d’abord retenu dans les urgences avant d’être hospitalisé en
attendant le résultat des analyses. Aucun des médecins qui s’est penché sur son
cas n’a pu déceler de quoi souffrait l’enfant. On n’avait cependant pas besoin
d’être médecin pour savoir qu’il y avait urgence à le faire nourrir : on
lui administration le glucose et les solutions salées en plus d’une dose de
gardénal (somnifère) pour calmer ses convulsions en attendant.
A
un moment de la nuit interminable, l’un des parents parla de symptômes de la
méningite sinon d’un neuro-paludisme. En profane, il commença à disserter sur
ces symptômes. Vers la fin de la nuit, un médecin décida de lui administrer et
un traitement anti-méningite et l’antipaludéen. Par deux fois. La fièvre
commença à baisser et dès le petit matin, l’enfant recommença à ouvrir les
yeux. Il reconnut même sa maman. Il était sauvé… Al hamdu liLllahi…
Comme
pour l’éducation, l’activité privée a eu des effets catastrophiques sur le
secteur de la santé. Derrière la libéralisation de ce secteur, il y avait une
volonté de le faire développer par l’initiative privée, notamment la
mobilisation du capital et l’exploitation du savoir-faire. C’est devenu une
activité commerciale où l’exigence de l’efficacité et de la responsabilité est
faible. Tellement faible que vous avez l’impression que vous êtes payés pour
être là : les services ont commencé à se détériorer et les mêmes
dysfonctionnements qui ont «tué» le secteur public apparurent. Plus
intenses et plus destructeurs.
C’est bien parce que personne n’est comptable de son
irresponsabilité (dans le diagnostic, le traitement administré, l’opération
faite…) que la déconfiture a été forte. Si l’on veut développer le secteur de
la santé, il faut d’abord réhabiliter la confiance entre usagers et personnels
soignants. Cela passe par une séparation entre le public et le privé, avec
cette exigence pour le public de payer assez pour motiver et exiger plus
d’efficience et de responsabilité.