L’idée était sans doute excellente même si elle comportait de
nombreux risques. Le risque d’être perçue comme étant le déclenchement d’une
précampagne : nous sommes à quelques semaines de la présidentielle et tout
peut prendre la forme d’une campagne. Le risque d’être rejetée par une jeunesse
très contestataire à un moment où les repères disparaissent et où les horizons
restent couverts par de noirs nuages que les éclaircies n’arrivent pas à
percer. Le risque de ne pas avoir le niveau attendu. Le risque d’être infiltré
par des «malintentionnés» dont la présence perturberait le déroulement de
la cérémonie…
Finalement tout s’est bien passé. Ils étaient près de six mille à
postuler dont quatre cents furent sélectionnés. De nombreuses compétences et
une représentation équitable de l’échiquier mauritanien.
Le décor était parfait en terme de communication. D’abord le lieu :
la nouvelle faculté de médecine, en phase de finition. Tapis rouge et arc de fleurs.
Le Président de la République arrive seul. Il vient prendre place au milieu des
majors des écoles d’excellence, en face du jeune public. Il prend la parole
pour introduire le sujet. Il parle de la jeunesse et de son rôle. Du pays et de
ses avancées. De ses projets pour le pays.
Dix ateliers qui doivent être présentés chacun par un interlocuteur
principal. Pour chaque atelier, on donne la parole à trois intervenants. Le Président
se permet parfois d’en ajouter un et même deux. A la fin des interventions, le
Président répond aux éventuelles questions.
Quelques moments : 1. L’expert-comptable qui a été très
critique vis-à-vis de la gestion, faisant référence aux rapports de
Transparency international et invoquant «la corruption à la direction des
impôts». Dans sa réponse, Ould Abdel Aziz devait s’en prendre à l’organisation
internationale en rappelant son empressement à condamner les Africains et son
silence quand il s’agit des richissimes pays du Golf. Faisant allusion aux
campagnes contre «les biens mal acquis» quand il s’agit de l’achat par
un président africain d’une villa à 500.000 euros et les silences quand il s’agit
d’un prince arabe qui achète toute l’avenue des Champs-Elysées.
2. Un enseignant parlant au nom de ses collègues de Nouadhibou a
arraché la parole. Agressif dans ses propos, le jeune fut invité par le
Président pour prendre la parole. Il fustigea les conditions de vie des
enseignants, dénonça les niveaux des salaires. Le Président lui demanda de
rester pour répondre à quelques questions. Cela aboutit à savoir que l’évolution
des salaires est nette depuis six ans. «Ehna maana mitdaayguiine», une
manière de calmer le jeune excité sans se fâcher.
Quelques points saillants : Le Président réfute toute idée de
limiter la liberté d’expression ; Il déclare que l’époque des BR
(bulletins de renseignements) est révolue ; Il reconnait les
dysfonctionnements du système éducatif et s’engage à multiplier les centres de
formations technique destinés aux jeunes ; Selon le Président, le pays est
sorti du cercle des 50 pays les plus pauvres ; Le chômage qui était à 31%
est aujourd’hui à 10% selon une étude du BIT ; «S'il n'existait pas une évolution en matière de lutte
contre la gabegie, on n'aurait pas dépassé une réserve de 1,7 milliards de
dollars» ; «Les
derniers agissements que vous connaissez étaient orientés vers la
déstabilisation du pays à des fins politiques. La religion appartient à tous
les Mauritaniens et doit être mise à l'abri de la politique. Après avoir tenté
vainement de déstabiliser le pays, des politiciens ont essayé d'exploiter la
religion. C'est le lieu ici de préciser qu'après les investigations aucune
preuve matérielle n'a été trouvée pour justifier une éventuelle intention
criminelle derrière l’acte de profanation du Saint Coran.
La destruction des biens publics et privés pour soutenir l'islam n'est -elle pas un paradoxe ? . L'Etat veillera à la préservation des symboles sacrés de l’Islam et c'est son devoir d’éditer le Coran, de créer une chaine du Coran et de construire une grande mosquée avec des moyens de l'Etat»…
En somme
une opération de communication réussie…La destruction des biens publics et privés pour soutenir l'islam n'est -elle pas un paradoxe ? . L'Etat veillera à la préservation des symboles sacrés de l’Islam et c'est son devoir d’éditer le Coran, de créer une chaine du Coran et de construire une grande mosquée avec des moyens de l'Etat»…