C’est presque sûr : le premier tour de l’élection
présidentielle sera fixé au 7 juin prochain, le deuxième tour sera donc le 21. Vraisemblablement,
la convocation du collège électoral se fera aux environs du 21 avril. Alors que
le registre des listes électorales est ouvert à partir de cette semaine.
Pendant ce temps, la classe politique se cherche. Les rencontres
avec le Premier ministre se suivent et se ressemblent. Si l’on peut comprendre
que quand il a été reçu par le Premier ministre, Mohamed Ould Maouloud ne
pouvait aller dans le détail parce qu’on était à la veille de la tenue du fameux
forum dont on espérait des propositions concrètes pour l’organisation d’élections
consensuelles. Qu’en est-il de tous ces chefs de partis reçus sans faire de
véritables propositions ? D’après les comptes-rendus des uns et des
autres, on en est resté à de vagues discussions autour de la nécessité de l’ouverture
d’un dialogue inclusif. Sans propositions concrètes. Alors que le temps passe.
Nous arrivons aujourd’hui à un timing désormais précis sans savoir
quels contours et quelle forme peut prendre ce dialogue. On peut difficilement envisager
des pourparlers comme ceux qui ont regroupé Majorité et Opposition «dialoguiste»
(Alliance populaire progressiste, Al Wiam et Sawab) et qui ont donné les grands
résultats à la base des élections législatives et municipales passées. D’ailleurs
la plupart des acteurs de ce dialogue-là (2011-2012) n’accepteraient pas d’en
entamer un autre. Ni Messaoud Ould Boulkheir, ni Boydiel Ould Hoummoid ne
seraient prêts à reprendre à zéro un processus qu’ils estiment avoir mené jusqu’au
bout. C’est le cas aussi de la plupart des (petits) partis de la Majorité qui
rechigneront à revenir à la case départ.
On peut aussi faire un remake du «dialogue au rabais»
accepté par la COD à la veille des législatives et municipales et qui n’avait
finalement rien donné. Parce qu’il s’était terminé en queue de poisson, aucune
des parties ne sachant quoi faire dans le face à face de dernière minute. Est-ce
qu’il est probable de voir jouer la même partition ? Probablement quand on
voit que personne ne semble vouloir aller de l’avant.
Pourtant, le Président Ould Abdel Aziz a affirmé à tous ses
visiteurs récents qu’il était prêt à discuter de tout avec l’opposition «si
cela pouvait l’amener à participer». De tout sauf du recul de la
présidentielle fixée constitutionnellement et de la constitution d’un
gouvernement d’union ou d’ouverture. «Mais on peut discuter de la
dissolution de la CENI, de l’Assemblée nationale, des outils électoraux, de l’audit
des listes…», aurait-il dit à ses interlocuteurs de ces dernières semaines.
Mais l’on se trouve ici devant un dilemme. En plus des nombreux
partis qui n’accepteront pas l’ouverture d’un dialogue global, Tawaçoul, Al
Wiam et l’UPR se résigneront difficilement à la reprise des élections
municipales et législatives. Alors que faire ? comment dépasser le stade
de l’expression d’une vague disponibilité à dialoguer ? comment passer au
concret ? comment le faire pendant qu’il en est temps ?
L’expérience nous apprend que notre élite politique a deux «qualités»
qu’il est difficile de vaincre : sa capacité à tergiverser et donc à
perdre le temps, et la difficulté pour elle d’être précise dans ce qu’elle
veut. Le risque aujourd’hui est de voir le temps passer sans trouver de
passerelle et d’organiser une élection sans l’opposition ou sans une grande
partie de l’opposition (la COD et Tawaçoul). Surtout que le dernier forum n’a
pas donné un accord sur la candidature unique, certains y voyant un piège qui
leur est tendu. Alors ?
On devra attendre le déroulement d’une élection
qui est déjà sans surprise et d’espérer qu’en contrepartie de la reconnaissance
de ses résultats, le pouvoir qui en sortira acceptera de dissoudre le Parlement
et les Mairies pour ouvrir le jeu à tous ses protagonistes. Qui a intérêt au
déroulement d’un tel scénario ?