«Une étape essentielle» a dit Mma Gulnara
Shahinian, rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les formes modernes de l’esclavage.
C’est bien elle qui avait annoncé l’adoption par le gouvernement mauritanien, dans
sa réunion du 6 mars, de la feuille de route sur l’éradication de l’esclavage
et de ses séquelles. C’est aussi elle qui a supervisé la conclusion des
discussions autour de la feuille de route.
«Je vois le 6 mars comme un tournant dans la
lutte contre l’esclavage en Mauritanie», a déclaré Mme Shahinian qui a
considéré que «l’adoption formelle de la feuille de route pour la mise en œuvre»
des recommandations faites en 2010, «est non seulement symbolique, mais
marque une nouvelle étape dans les efforts pour éradiquer l’esclavage et ses
restes une fois pour toutes». Avant de se dire «confiante que le
gouvernement, en étroite coopération avec la société civile, va déployer tous
les efforts nécessaires pour mettre pleinement en œuvre la feuille de route
afin que ses engagements résultent dans des changements concrets dans la
pratique».
Le document comporte 29 points qui proposent un
traitement global et multisectoriel. Selon les révélations du ministre de la
justice, Sidi Ould Zeine, dans les cas de flagrance, les maîtres seront obligés
de verser une compensation financière. Les esclaves ainsi libérés pourront
bénéficier de programmes spécifiques pour les sortir de la misère et leur
donner les moyens de se libérer mentalement et matériellement. La feuille de
route donne «une définition précise de l’esclavage, qui oblige les criminels
à accorder des compensations financières aux victimes et accorde à ces
dernières l’assistance judiciaire en cas de besoin», a déclaré le ministre
lors de son intervention à l’issue du Conseil des ministres.
Mme Shahinian semble satisfaite de l’aspect
traitement judiciaire de la pratique : «Le Tribunal spécial pour crime
d’esclavage annoncé en décembre, va être mis en place. Et, point très
important, les juges bénéficieront d’une formation spécifique. Deuxièmement, le
rôle des ONG a été renforcé. Les ONG et les avocats indépendants peuvent
désormais se porter partie civile. Ce sont là des éléments cruciaux pour que
les victimes aient accès à la justice».
Il faut rappeler que Mme Shahinian doit présenter
son rapport sur la Mauritanie en septembre prochain devant le Conseil de
Sécurité des Nations Unies.