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mardi 25 février 2014

Le forum est-il compromis ?

Cette après-midi, on apprend que le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) a décidé de «geler» sa participation au forum de l’Opposition qui doit s’ouvrir ce vendredi (28/2). Sous prétexte que le parti est «sous-représenté» dans les commissions d’organisation qui doivent fixer l’agenda et les objectifs de ce forum.
En réalité, on craint au RFD que «l’on ne soit victime, une fois de plus de machination visant à reléguer au second plan le parti et ses choix stratégiques». Les cadres les plus loquaces n’hésitent pas à rappeler que «chaque fois, le RFD a adopté une feuille de route décidée et mise en œuvre par d’autres, tantôt les Islamistes, tantôt l’UFP, ou le RDU ou l’UNAD ou… ou…  à chaque fois il s’est retrouvé coincé entre la nécessité pour lui de recadrer les objectifs et le souci de rester avec les autres». Conclusion : «il est temps pour le parti de décider lui-même de la direction à suivre».
Le malaise est là depuis qu’il est question de discuter la perspective du candidat unique. Toute évolution vers un accord du genre est sentie comme une forme d’exclusion pour le chef du parti, le Président Ahmed Ould Daddah. Surtout qu’il est question de fixer des critères dont le consensus autour de la candidature et l’absence de précédent dans la course pour la présidentielle. Le consensus autour de la personnalité de Ould Daddah est impossible à avoir dans un microcosme où l’on considère le chef du RFD comme «l’ennemi principal». C’est après tout la position vis-à-vis de l’homme Ould Daddah qui a déterminé le parcours de tous les leaders actuels de l’opposition (dans toutes ses composantes).
Ceux qui collaboraient avec Ould Taya et qui sont les plus actifs aujourd’hui dans ce camp, ont participé à sa diabolisation et à la formation des aspects négatifs de l’image que l’opinion publique a de lui : homme du Sud n’aimant les gens de l’Est, voulant assouvir les soifs de vengeance ethniques, homme politique dédaignant tout sauf la présidence… tous ces clichés qui fondent une certaine idée qu’on peut avoir de lui ont été créés et véhiculés par eux.
Ceux qui l’ont accompagné à un moment ou un autre au sein de l’Union des forces démocratiques (UFD) et qui ont fini par se dresser contre lui à un moment à un autre, souvent à un moment crucial de son parcours.
Certains pensent cependant que la décision du RFD relève plus de la manœuvre que de l’acte déterminé. Mais un parti comme le RFD ne «clique» pas sur des aspects du genre : «nous ne sommes pas assez représentés, nous voulons telle ou telle présidence de commission…». Quand il réussit à imposer ses visions, il y va normalement. Alors qu’est-ce qui peut bien gêner le RFD ?
Bien sûr la question du candidat unique qui est sentie comme un piège : si le RFD accepte de la discuter, il ne peut maîtriser l’issue des débats, encore moins la décision à prendre ; s’il refuse alors qu’elle est déjà posée, il apparaitra comme source de blocage à l’entente générale et, du coup, confirmera ce qu’on dit du parti «qui ne veut que la présidence». Alors mieux vaut surseoir à la participation en attendant d’assurer les arrières pour éviter toute mauvaise surprise.
Il y a aussi la question de la participation à la présidentielle qui, aux yeux du RFD, doit être précédée de préalables significatifs pouvant justifier le retournement après le boycott des législatives et municipales. Comment expliquer aux anciens députés et maires du RFD qu’on refuse de les laisser participer au nom d’une exigence de transparence qui disparait quand il s’agit de la présidentielle ? Il faut donc placer la barre très haut et amener le forum à adopter une feuille de route «forte» : pourquoi ne pas demander le renoncement de Ould Abdel Aziz à se présenter ?, exiger les demandes concernant la stricte neutralité des chefs militaires, de l’administration, réorganiser fondamentalement la CENI, défaire le Conseil Constitutionnel, la Cour Suprême, distribuer équitablement le temps d’antenne dans les médias publics, annuler des dernières élections, mettre en place un gouvernement «neutre»…
Autant de conditions qui seraient plausibles si le rapport de force était autre et si certains partenaires du RFD ne cherchaient pas à trouver une issue à la crise qu’ils traversent depuis leur décision de boycott. C’est le cas, pour certains cadres du RFD, de l’Union des forces du progrès dont le Président Mohamed Ould Maouloud s’est «empressé de répondre à l’invitation du Premier ministre et qui a loué les entretiens qu’il a eus avec lui».
Le forum se tient déjà sans la Coalition pour l’alternance pacifique (CAP) formée par les partis de l’opposition ayant participé au dialogue avec la Majorité en 2011 et 2012 (Al Wiam de Boydiel Ould Hoummoid, Alliance populaire progressiste de Messaoud Ould Boulkheir et Sawab de Abdessalam Ould Horma).
Si les partenaires du RFD au sein de la COD ne réussissent pas à ramener le parti de Ould Daddah dans les débats du forum, il sera impossible d’en faire un événement majeur. Déjà qu’il est «amoindri» par la rencontre entre le Premier ministre et le Président de l’UFP, le voilà  sérieusement compromis par le gel de la participation du RFD.