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dimanche 23 février 2014

Le festival Soninké

«Démarrage d’un festival racial sous une supervision officielle», c’est le titre que l’un de nos confrères arabophones a choisi pour annoncer le lancement du festival international Soninké. En l’illustrant par une photo des officiels et sans manquer d’expliquer que cette présence officielle pourrait «donner des idées à d’autres ethnies». Et alors ? C’est tant mieux si toutes nos cultures pouvaient s’exprimer sur cette place publique qui manque dangereusement d’animation et de contenu.
Notre confrère devait comprendre qu’il s’agit là d’une troisième édition d’un festival dont le but est de faire connaitre l’une des plus vieilles cultures de l’Ouest-africain. Celle qui a donné l’Empire du Ghana, le premier Etat noir à exister en terre africaine. Cet Empire avait pour capitale Koumbi Saleh dont les ruines se trouvent à quelques quatre-vingts kilomètres de Timbédra, en plein territoire mauritanien.
Le festival vise à faire retrouver les Soninkés du monde l’espace de quelques quatre jours (20-24/2) pour discuter, manifester, s’exprimer, se rappeler, se projeter dans l’avenir… C’est l’un des premiers peuples de la région à s’islamiser. C’est sans doute le plus organisé d’entre tous. Sans doute aussi le plus enraciné de tous.
Parmi les peuples de l’aire Mandé, c’est par le peuple Soninké qu’a rayonné la culture Mandingue. Avec cette musique qui a fini par nous unir, du Sahara à la Savane ouest-africaine. Avec la littérature, les légendes notamment qui ont fini par devenir des mythes fondateurs partagés. Avec la danse, la teinture, les traditions orales…
Dans le temps, la culture Soninké a pu apporter des réponses aux questionnements de notre aire civilisationnelle. Ces rencontres peuvent être une nouvelle opportunité pour notre région, pour notre pays.
Quoi qu’il en soit, la rencontre est une source de fierté pour nous.  Parce qu’elle puise sa légitimité dans le fait que la Mauritanie est bien le berceau de cette culture, le lieu de sa splendeur, le lieu d’où elle rayonna… C’est ici que les Soninkés du Monde se sont donné rendez-vous aujourd’hui. Accompagnons-les pour nous ressourcer. En même temps qu’eux. Là où nos aïeuls allaient s’abreuvoir ensemble, à cette formidable source qui n’était pas seulement faite de «nourritures terrestres», une source qui a illuminé le pays, la région et ses sociétés, et finalement sur le Monde.