C’est
en novembre 2004 que nous devions assister à la première révolution
ukrainienne, celle qu’on a appelée «la révolution Orange» pour la
couleur arborée par les manifestants. On estime que le «printemps arabe»
a pris comme modèle cette révolution-là retransmise en direct par les chaines
satellitaires comme Al Jazeera.
Elle
faisait suite à la proclamation des résultats d’une présidentielle contestée
par la plupart des Ukrainiens qui dénoncent la mainmise sur le pouvoir du «clan
de Donetsk», le nom de cette grande ville de l’Est alliée de Moscou et
fournit les présidents toujours «bien élus». C’est le cas de Viktor
Ianoukovytch dont l’élection est contestée par une série de manifestations qui
vont aboutir à la révolution Orange. Les principaux leaders de ces
manifestations sont Viktor Iouchtchenko, candidat malheureux, et Ioulia
Tymochenko, la charmante et charismatique opposante dont les tresses
traditionnelles finissent par devenir l’un des symboles de cette révolution.
La reprise
des élections ne permet pas de rupture parce que l’élu, Viktor Iouchtchenko
instaure un régime marqué par les mauvaises pratiques et les règlements de
compte. Le premier résultat est la radicalisation dans les clivages entre
Pro-Russes et Pro-Occidentaux. En 2010, Viktor Ianoukovytch est élu président. C’est
la revanche des Pro-Russes. C’est naturellement ce clivage qui fait déclencher
la deuxième révolution qui est en train d’aboutir sous nos yeux.
Le 21
novembre 2013, Viktor Ianoukovytch décide de suspendre un accord entre son pays
et l’Union Européenne. L’homme est déjà contesté pour sa mauvaise gestion et
pour ses relents autoritaristes. Il est cependant soutenu par Moscou et par son
président Vladimir Poutine qui s’engage à subvenir aux besoins de l’Ukraine en
proposant un prêt de 15 milliards dollars le 17 décembre. Mais la tension ne
baisse pas.
Contre lui,
un rassemblement qui tire sa légitimité de l’actif de la révolution Orange. C’est
le cas notamment de ceux du parti Batkivchtchina (Patrie) créé par l’opposante
historique Ioulia Timochenko et dont le porte-parole devant les manifestants de
Maïdan à Kiev est Arseni Iatseniouk avocat, ancien ministre des affaires
étrangères, ancien président de l’Assemblée ukrainienne.
Autres figures
de l’opposition : Vitali Klitschko, chef du parti Alliance démocratique
ukrainienne pour la réforme (UDAR), et qui est un ancien champion de boxe. Tous
partagent un fort engagement pour l’Europe et une méfiance pour la Russie.
Ioulia Timochenko, libérée après quelques trois ans
de détention, semble être la figure d’avenir. Même si elle est fondamentalement
pro-russe, elle bénéficie d’une large sympathie dans les milieux de l’UE. Sa libération
a été l’épilogue d’une seconde révolution. Peut-être le prologue d’un monde
nouveau pour ce peuple déchiré par ses appartenances européenne et russe ?