Tout le monde reconnait à présent qu’il y a un génocide en marche
en Centrafrique. Contre les Musulmans, les milices Anti-Balakas sévissent
odieusement partout. Surtout dans la capitale Bangui où se trouvent les troupes
françaises et africaines de la MISCA.
Dès le début de l’intervention française avec l’opération Sangaris,
on pouvait aisément prévoir que le conflit pour le pouvoir allait se
transformer en guerre civile entre Chrétiens et Musulmans pour finir sous forme
de pogroms contre ces derniers accusés d’être étrangers dans leur propre pays.
C’est le cycle habituel dans les pays où un génocide a eu lieu. En commençant
par le Rwanda.
La France n’avait pas besoin d’intervenir pour faire balancer le
rapport de force entre des milices aussi cruelles les unes que les autres
(Séléka et anti-Balaka). Elle avait assez d’embrouilles en cette terre
africaine pour s’abstenir d’aider l’une des factions contre une autre dans une
guerre civile qui prenait fatalement l’aspect d’une guerre religieuse.
De l’Afrique de l’Ouest à l’Afrique Centrale, le rôle de la France
a toujours fait l’objet de suspicions. Elle est accusée d’avoir orchestrée le
génocide au Rwanda, d’animer la scène au Congo (dans les deux Républiques),
d’orchestrer tous les changements violents en Centrafrique… Elle est aussi
accusée d’avoir un rôle dans l’instabilité au Sahel. Maintenant, les Musulmans
de la région vont la regarder en ennemi, surtout qu’elle traine derrière elle
le passif du Mali. Ce qui va justifier à leurs yeux toutes les entreprises de
Boko Haram, de AQMI, du MUJAO et de tous ces groupes criminels qui sévissent
dans le Nord-Ouest africain et bientôt dans l’Afrique Centrale.
La France, déjà engagée au Mali où elle tente d’éradiquer les
menaces jihadistes et de stabiliser le régime issu des élections, est
aujourd’hui accusée par une bonne frange des Musulmans de la région d’avoir
intervenu pour «renverser les rapports au profit des Chrétiens de
Centrafrique». C’est un argument qui sert la propagande extrémiste
anti-française dans le recrutement des jeunes ciblés par les groupes qui
prônent la violence. Pour eux, ce n’est qu’un «prolongement de l’islamophobies
dont la France est devenue l’espace d’expression».