Dans un article écrit récemment par notre confrère
Ahmedou Ould Wedi’a (Essiraje), l’auteur a proposé la création d’un front pour
faire face à l’obscurantisme des «nouveaux takfiriyine». Pour lui, après
la bataille contre l’obscurantisme d’inspiration religieuse (Salafistes
takfiristes), il faut maintenant lutter contre l’autre face de cet extrémisme
qu’expriment l’athéisme et les écrits iconoclastes de plus en plus fréquents. Pour
Ould Wedi’a, le fondement idéologique des deux attitudes est celui qui provoque
l’exclusion et le refus de l’autre. Autant les premiers rejettent tout ce qui n’est
pas d’inspiration religieuse, autant les seconds refusent à tout ce qui est de
cette inspiration le droit de s’exprimer. Cela se traduit par la confusion
entre tous les courants religieux qui sont tous accusés d’être «extrémistes».
Il faut dire que les «Islamistes modérés»
payent cher leur normalisation. Que ce soit en Tunisie où ils ont fini par faire
aboutir le processus par le compromis, en Egypte où la confrontation a plongé
le pays dans l’instabilité, en Syrie où la guerre civile fait rage… Partout où
le processus «révolutionnaire» a abouti à l’organisation d’élections et
à la victoire des Islamistes, il y a eu une «Ligue» contre eux. Comme si
l’objectif était d’interdire l’exercice du pouvoir par les Islamistes. Le 16
décembre dernier, j’écrivais ici à propos de la Tunisie :
«…Suit
ensuite la nécessité de trouver un équilibre entre les extrêmes : d’une
part les Salafistes (Jihadistes ou non) qui perturbent et déstabilisent la
Nahda, parti islamiste plutôt moderniste ; d’autre part les tenants d’une
laïcité qui frise l’athéisme et qui veulent imposer à la société tunisienne un
modèle qui ne lui sied pas forcément, et qui, par leur action, parasite les
revendications démocratiques et modernistes légitimes de la société tunisienne.
Les premiers ne veulent pas entendre de la démocratie qu’ils assimilent à une
hérésie. Les seconds instrumentalisent la peur développée face à l’Islam
politique pour remettre en cause les résultats des urnes en obligeant la Nahda
à renoncer au pouvoir. Les deux extrêmes se nourrissent l’un de l’autre.»
Il y a lieu effectivement de créer
un front contre toutes les dérives. Un front d’inspiration démocratique pour l’égalité,
la justice, la citoyenneté…