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dimanche 2 février 2014

De la Justice et de l'Equité

Entre nous, dans un Etat indépendant, un Etat de droit en construction, il y a une chose qui importe plus que toutes les autres : le respect des lois et règlements en vigueur. On peut enfreindre ces lois et règlements par erreur, par méconnaissance, même par incompétence. Mais cela ne doit jamais rester sans suite. Parce que l’impunité qui découle de l’absence de responsabilité quand les individus ne sont pas comptables de leurs faits et gestes, cette impunité est la pire des attitudes pour une Nation.
L’une des raisons qui poussent à l’irrespect des lois et règlements est bien sûr quand celles-ci ne s’appliquent pas à tout le monde et/ou comme il faut. Ce sont bien les comportements douteux de nos Juges et leurs décisions souvent prises sans fondements qui ont détruit la relation de confiance entre le système judiciaire et le citoyen lambda. Les interférences nées des interventions publiques des responsables politiques sont aussi un facteur d’affaiblissement de ce système.
Saint-Thomas d’Aquin disait que «la justice est la disposition par laquelle on donne, d’une perpétuelle et constante volonté, à chacun son droit». Quand elle réalise cela, elle prévient toute dérive dans l’application des lois et garantit en même temps leur respect scrupuleux par le citoyen.
Quelqu’un me disait récemment que la Justice est d’abord «distributive». Dans un Etat, on doit assurer une juste redistribution des biens communs, un équilibre juste des pouvoirs des Institutions et une équité relative ou complète du prestige qu’offre l’exercice du pouvoir.
J’ai toujours cru – je crois encore – que l’une des grandes valeurs cultivées sous nos cieux est bien l’équité, que l’une des grandes aspirations de cette société est bien la Justice. Si bien que nous croyons fermement que tout peut fonder un Etat, une organisation sociale sauf l’injustice.
La Justice s’accompagne nécessairement d’équité. Elle assure l’ordre, impose le respect mutuel et décline des valeurs comme la liberté, l’égalité, le mérite, la responsabilité… C’est bien pour cela qu’elle fonde la démocratie, ce système qui est fait pour assurer une juste répartition des pouvoirs et protéger la société de ses dérives totalitaristes.
Dans notre pays, la Justice et l’Equité se perdent. La première essentiellement à cause de la déconfiture de l’Appareil d’Etat qui a fini par perdre ses aspects «normatifs» et universels (valables pour tous). La seconde parce que la société a renoncé à ses valeurs fondamentales sous le coup d’agressions conjuguées (sécheresses, mondialisation, flux d’idéologies importées, aliénations de l’élite…).
La bataille doit être celle du recouvrement  et de la réhabilitation de la Justice et de l’Equité. La première nous permettra d’assurer le développement de l’Etat citoyen, celui où l’égalité est assurée pour tous, où le droit de chacun lui est donné «naturellement» (cela doit découler de l’ordre des choses et non de l’interventionnisme), celui où les biens communs servent à enrichir la communauté et à lui fournir un cadre adéquat pour son émancipation et son bonheur.
L’Equité nous permettra de nous respecter les uns les autres, de reconnaitre avec fierté nos différences, de nous accomplir individuellement tout en œuvrant pour l’accomplissement de la communauté. Une valeur cardinale de la Mauritanie de départ. D’elle découle l’humilité et le sens de la mesure. On en est bien loin aujourd’hui.
Les foules emplissent les rues pour appeler à l’application d’une sentence qu’elles ont elles-mêmes décrétée. L’élite religieuse et/ou militante fait sienne la colère de la foule. Les syndicats et corporations sont incapables de réagir. Le désordre qui en nait libère tous les extrémismes qui mènent fatalement à toutes les dérives obscurantistes qu’elles soient d’inspiration religieuse ou «laïque» (le salafisme dans ses aspects takfiristes et l’athéisme dans son rejet du religieux, prennent finalement la même forme, celle du rouleau-compresseur pour la liberté).

La bataille actuelle doit consister à débusquer les fascismes, tous les fascismes, et à les dénoncer là où ils sont.