Vous
aurez tous lu que «selon des informations publiées par un journal arabe
reprenant les propos d’un haut responsable éthiopien, la Mauritanien serait sur
le point de prendre la présidence de l’Union Africaine». Vous aurez
certainement apprécié que l’on mette tant de prudence à annoncer une information
de ce genre parce qu’il faut être sûr de ce qu’on dit et si l’on n’est pas sûr,
il faut dégager sa responsabilité en citant sa source. On ne sait jamais.
En
bons journalistes, nous avons tous pris la précaution de vous dire d’où nous
vient la nouvelle que nous publions d’ailleurs au conditionnel. Pourtant, la
règle de la rotation fait que tout le monde savait, et depuis longtemps (au
moins un an), que le tour de la présidence de l’UA revient à la Mauritanie à
partir de la fin de janvier 2014.
Et
si on faisait montre de prudence quand on annonce des informations beaucoup
moins évidentes, moins vérifiées et donnant lieu à plus de réactions ?
Vous
avez lu comme moi que le forum qui devait se tenir sous la présidence du
ministre saoudien des finances à Nouakchott pour se poursuivre à Nouadhibou,
que ce forum a été reporté sine die. Jusqu’à tout de suite (jeudi 23/1/2014, 17 :50mn),
le forum doit se tenir à Nouakchott et sera ouvert solennellement par le
Président de la République alors que sa présidence reviendra au ministre
saoudien. Ce sera ce dimanche 26 janvier au Palais des Congrès.
Pendant
que les uns fêtent ces «victoires» que constituent le report sine die et
l’annulation du financement (sic) de la centrale de la SOMELEC «pour cause
de corruption», rappelons-nous que depuis 1971, la Mauritanie n’a pas
présidé l’UE. A l’époque le Président Moktar Ould Daddah avait réussi à faire
tenir une session du Conseil de Sécurité à Addis-Abeba pour parler de l’Apartheid
et de la Rhodésie. Il avait amené les pays africains à prendre leur distance
vis-à-vis d’Israël et à appuyer la cause arabe.
Quelques
décennies après nous avons tourné le dos à notre versant africain, le pays a
fini lui-même par reconnaitre Israël, par sortir de la CEDEAO, par faire la
gueule à tous ses voisins du Sud…
Depuis quelques années, le Président mauritanien ne
manque pas une occasion de se renouer avec l’Afrique noire. Président du
Conseil de Paix et de Sécurité (CPS), il a reçu plusieurs chefs d’Etats et de
gouvernements à Nouakchott qui a recommencé à recevoir des présidents de l’Afrique
de l’Ouest et pas seulement. La coupure des relations avec Israël nous a
rapprochés sans doute de nos frères arabes. Mais tout cela ne suffit pas pour
reprendre la place qui nous revient et qui doit être celle de trait-d’union
entre l’Afrique au Sud et au Nord du Sahara. Si, à un moment donné l’argent
libyen et la politique de Kadafi avaient parasité le redéploiement diplomatique
de la Mauritanie, aujourd’hui rien n’empêche le pays de revenir dans son
environnement naturel. Cette présidence doit servir à renforcer nos relations
avec le Sud pour envisager le retour au sein de la CEDEAO, pourquoi pas ?