Dire
que dans ce pays une nette évolution n’a pas été enregistrée en matière des
Droits humains, relève du mensonge. Tout comme soutenir aujourd’hui qu’il n’y a
rien à dire sur la situation de ces Droits en Mauritanie.
Il
y a bien sûr le passif humanitaire hérité des années de braise (80-90-2000).
Même si des efforts énormes ont été accomplis, notamment la reconnaissance des
crimes commis, il reste que cette plaie reste à refermer par la poursuite d’un
débat national trop vite clos. De temps en temps des voix s’élèvent pour nier
ou pour occulter le mal commis en ces années sombres. D’où la nécessité pour
nous d’en parler, d’en reparler et de ne pas laisser oublier la forfaiture et
ses auteurs. C’est peut-être une thérapie collective que nous pouvons chercher
à travers l’entretien du souvenir.
Il
y a l’esclavage dans ses pires formes qu’il va falloir éradiquer par la mise en
œuvre rigoureuse des lois en vigueur. La criminalisation ne suffit pas si elle
n’est pas suivie d’application et de répression de la pratique. Nous avons
assisté à des procès qui ont abouti à des condamnations. Il en faut d’autres
pour produire l’électrochoc nécessaire pour rompre les chaines.
Il
y a ensuite les séquelles de l’esclavage, mais pas seulement de l’esclavage, de
tout l’arbitraire social qui fait que des Mauritaniens vivent encore sous le
mental de l’être inférieur. Toutes ces castes, toutes ces classes vilipendées,
stigmatisées et finalement condamnées à vivre le joug du «mieux-né».
La
bataille contre les inégalités concerne tout un chacun de nous. Nous avons à la
mener en redonnant espoir à notre jeunesse qu’il existe un autre chemin que
celui suivi par leurs ainés jusqu’à présent. Un chemin qui mènera fatalement à
la refondation d’un Etat de droit, d’un Etat égalitaire, d’une conscience
citoyenne.
La
lutte contre les pratiques esclavagistes n’a jamais été portée par les seuls
ressortissants des communautés ayant vécu – ou vivant encore – cette condition
abjecte. Elle a toujours été partagée comme cause. Ce n’est malheureusement pas
l’impression que nous avons aujourd’hui. Il faut certainement commencer par
réhabiliter l’universalité de la cause : elle concerne aussi tout un
chacun de nous.
Nous avons besoin de solidarité et de partage, plus
que de division et d’égoïsme. En cette journée des Droits humains, je vous
invite à penser à toutes les victimes de l’arbitraire, de la torture, du
racisme, de la bêtise humaine, de la folie humaine, de la cupidité humaine…
toutes les victimes d’ici et d’ailleurs.