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lundi 25 novembre 2013

53ème anniversaire de l’Armée

Pour comprendre d’où l’on vient, nous n’irons pas loin, juste en juin 2005. Le 4 juin 2005, une Sariya du Groupe salafiste de combat et de prédication (GSPC), composée d’Algériens, de Mauritaniens et de Nigériens, attaque la base militaire de Lemghayti dans l’extrême nord-est mauritanien. C’est le lendemain que la nouvelle est connue par l’intermédiaire d’un commerçant pratiquant le trafic dans la région. Cette partie de la Mauritanie devenant une plaque-tournante du crime organisé, une sorte d’espace vital pour les groupes qui avaient déjà fait main-basse sur le Nord malien.
La première réaction des autorités est de pourchasser les assaillants. Problème : aucune unité de l’Armée n’est assez préparée pour mener les opérations. On fait appel officiellement aux groupes d’affaires. L’un d’eux finance l’équipement, l’autre la motorisation, un autre la logistique… Si bien qu’un millier d’éléments de notre Armée sont mobilisés et envoyés en terre inconnue, le plus loin de leurs bases arrières… Heureusement que quand ils sont confrontés aux misères de l’éloignement et de l’impréparation, le coup d’Etat du 3 août était déjà en marche.
La période de transition qui s’ouvre à partir du 3 août 2005 a d’autres priorités que la remise à niveau de l’Armée. Même si c’est une junte qui est au pouvoir, elle ne pense pas tout de suite à l’état de déconfiture des forces armées. Et quand vient le régime civil d’avril 2007, l’attitude est plutôt à la méfiance.
Depuis le 10 juillet 1978, date du premier coup d’Etat, on a toujours pensé en haut lieu que la première menace pour un pouvoir venait de l’Armée. La longévité du régime de Ould Taya s’explique en partie par le lancement d’une politique de sape qui a visé à détruire la force de frappe de notre Armée, à diminuer ses capacités opérationnelles et défensives, et à détruire le moral des troupes et de l’encadrement profondément clochardisé.
La crise politique dont l’issue fut le coup d’Etat du 6 août va donner une idée au GSPC devenu depuis Al Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI) : la Mauritanie est encore une fois, comme du temps de la guerre du Sahara, perçue comme le maillon faible sur lequel toutes les pressions doivent être exercées pour le faire tomber.
15 septembre 2008, en plein Ramadan, une unité de l’Armée tombe dans une embuscade à Tourine : une douzaine de morts qui furent mutilés par les assaillants. La décision politique est alors prise. Les dirigeants du pays sont conscients que c’est un chantier qui ne peut attendre.
Le général Mohamed Ould Cheikh El Ghazwani, nommé quelques mois avant à la tête de l’Etat Major national par le Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, se voit investi de la mission de réorganiser les troupes. Fortement soutenu par une volonté politique déterminée, il engage une profonde réforme qui aboutit à la création d’unités combattantes spécialisées dans la lutte contre le terrorisme.
Utilisant les mêmes moyens et les mêmes méthodes que l’ennemi (terroriste), les Groupes spéciaux d’intervention (GSI) font rapidement leurs preuves. Mobilité, efficacité, rapidité, puissance de feu… tout est là pour rendre plus efficientes les interventions de l’Armée mauritanienne. Une Armée qui devait d’abord recouvrer le contrôle de son territoire, de tout son territoire. Pour la première fois, l’Armée arrivait à Aïn Bintili où aucune force ne s’est rendue depuis ce fameux 16 février 1976 où les attaques du Front Polisario avaient fait ravage tuant quelques-uns de nos valeureux hommes dont l’officier Soueydate Ould Wedad commandant la place. Des bases furent installées en plein désert et l’on reprit rapidement le contrôle de tout le nord-est mauritanien.
Le 12 juillet 2010, l’Armée mauritanienne décime une unité AQMI qui marchait sur la Mauritanie. S’en suivirent les épisodes de Wagadu, les attaques repoussées à Bassiknou, à Nouakchott et ailleurs. Mais surtout les coups portés à AQMI dans ses fiefs du Nord malien. Ce regain d’activité et de combativité permettait dans un premier temps de faire changer la peur de camp : désormais, ce sont ces groupes qui craignent l’Armée mauritanienne et non le contraire. Cela permettait aussi de sécuriser le pays.
Si bien que quand arrive la crise malienne, la Mauritanie est tranquille parce qu’elle peut assurer le respect de ses frontières et la sécurité de ses citoyens. AQMI évitant de donner le prétexte à l’Armée mauritanienne d’intervenir dans une guerre, certes déterminante pour la région, mais sans menace directe pour la stabilité du pays tant que les limites qu’elle a fixées à l’ennemi sont respectées.
Après cette refondation, la réforme a abouti à la création d’un Etat Major national des Armées et de trois Etats Majors annexes : Armée de terre, de l’air et Marine.
Nous sommes loin du temps où le concours des privés était sollicité pour mobiliser les hommes, du temps où le territoire national était un point de passage pour le crime organisé, où la Mauritanie était sous-estimée en tant que pays souverain, loin du temps où les promotions au sein de l’Armée se faisaient suivant les accointances, du temps où le contrôle des consciences était de rigueur (les résultats des bureaux de l’Armée indiquent une totale liberté de choix), loin du temps où l’on croisait des officiers démunis, mal dans leurs tenues, réservés de peur de subir l’arbitraire qui pouvait s’abattre à n’importe quel moment et pour n’importe quoi…

Sivis parcem para bellum (qui veut la paix prépare la guerre) disaient les Latins. Pour notre cas, on imagine mal comment aurait été la Mauritanie aujourd’hui si les efforts de guerre entrepris à partir de 2009 n’avaient pas été faits…