22 novembre 1963, l’Histoire (avec un grand H) se déroule à Dallas.
C’est ici que le Président des Etats-Unis, à l’époque le plus jeune président
de l’histoire de la première puissance du Monde, est assassiné. Son assassin
présumé est Lee Harvey Oswald qui sera lui-même tué devant les caméras de
télévisions par un certain Jacques Ruby, ancien agent des services. Ce qui va alimenter
la théorie des complots qui va marquer cet épisode de la vie américaine.
Le vainqueur de l’épreuve avec les Soviétiques dans l’affaire des
missiles de Cuba, est une victime idéale des «conspirateurs communistes».
L’homme dérange le système politico-financier qui a pris possession de la toute-puissance
américaine, il pourrait être victime des maffias de l’époque. Il rechigne à
engager son pays sur les théâtres du Vietnam, de l’Asie du Sud-est en général
et contre le communisme, il est contre les intérêts de la CIA et des services
américains dont il peut être la victime. Il n’entend pas soutenir Israël dans
sa volonté d’expansion et veut même stopper l’Etat hébreux, il est la victime
toute indiquée d’une conspiration sioniste… Tout a été dit sur cet assassinat
et sur ses auteurs probables et sur ses causes.
Quelques grands films dont «I comme Icare» et «JFK»
qui sont des chefs-d’œuvre. Il a occasionné des milliers de pages d’enquêtes et
de contre-enquêtes. Il est resté un mystère. Tout en restant un évènement
majeur du siècle dernier.
L’assassinat de Kennedy retransmis en direct, a ouvert la voie au
petit écran. C’est ici que prend date la place occupée par la télévision dans
les foyers. Le direct, les analyses, l’info en continu… tout ce qui nous semble
banal aujourd’hui est né ce jour-là à Dallas.
Il n’y a pas que Kennedy qui est mort en ce 22 novembre, une
certaine image de l’Américaine s’est effondrée en ce jour mémorable. Une idée d’une
Amérique, symbole d’un devenir humaniste, laborieuse, volontaire, toujours
engagée aux côtés des plus faibles, pour la liberté des peuples et profondément
anticoloniale. Des années heureuses où le modèle fut Kennedy.
«Serhit Kennedy», «edhin Kennedy», «ilben Kennedy»…
Le look du Président a influence les générations de jeunes révolutionnaires. Ses
aides aux peuples démunis à travers l’USAID (avant d’être une antenne de «l’Agence»),
à travres les distributions de vivres marqués des deux mains qui se saluent. Tout
un symbole qui est resté longtemps après la mort de Kennedy.
Il aura fallu la guerre du Vietnam, plus tard le soutien
inconditionnel au Sionisme en Israël, les invasions de l’Irak, de l’Afghanistan,
toutes les guerres impériales américaines, les exactions, les meurtres, les
assassinats, El Condor en Amérique Latine…, il fallut tout ça pour inverser la «sympathique»
image d’une Amérique qui fut un modèle.
Dans le cadre de la commémoration de cet assassinat, je partage
avec vous ce passage piqué sur le net :
«Les médias américains se décarcassent pour nourrir leur
cinquantenaire de l’assassinat de JFK. Nième interview d’anciens gardes
du corps bouleversés, de l’épouse d’un policier tué à Dallas par Lee
Harvey Oswald ; nouveau tour d’horizon des théorie du complot en vogue.
Sans grand résultat. Les présidents, même fauchés dans leur prime
jeunesse, ne font plus vendre, et l’époque, cousue de glamour et de
surpuissance américaine, semble à des millénaires des prosaïques réalités
d’aujourd’hui. Pour le prouver, l’institut de sondage Pew a exhumé des enquêtes d’opinion effectuées peu avant l’attentat de Dallas
en1963. L’optimisme qu’elles décrivent semble provenir d’une autre
planète : 82% de Américains sont persuadés que l’influence des Etats-Unis
va encore grandir cette année-là. Ils sont aussi nombreux à se dire en
faveur d’une plus grande coopération des Etats-Unis avec la
communauté internationale. 58% des sondés sont favorables à l’aide au
tiers-monde ; chiffres inimaginables de nos jours. Les
Américains se disent à 54% démocrates et pour seulement 25% républicains.
49% de la population se décrit comme « liberal », de gauche, un
qualificatif qui constitue un arrêt de mort politique aujourd’hui, et 46% se
jugent conservateurs.
Kennedy disposait encore, en mars 63, d’une avance de 40 points
face à son probable adversaire Barry Goldwater aux présidentielles de l’année
suivante. Mais la tension montait dans le Sud, où les prises de position
du président en faveur des droits civiques après la marche sur Washington
d’aout 1963, lui causaient un recul dans les sondages un mois avant sa
mort. Il était passé à 44% au niveau national. Le Nord le plébiscitait
toujours à 69%. Tous les espoirs étaient permis».