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mardi 22 octobre 2013

Pêche : la remise à niveau continue

Le 20 et 21 octobre une délégation japonaise a négocié avec le ministère mauritanien des pêches en vue du renouvellement de l’accord de pêche au thon qui existe depuis 21 ans. Jusque-là, c’était l’affaire des ministres qui se rendaient au Japon et donnaient leurs accords pour permettre à la flottille japonaise de continuer son activité. Cela ne signifiait pas grand-chose pour le Trésor mauritanien. En 2010, un nouvel accord avait signé à Tokyo et prévoyait la reprise des négociations avant l’expiration, le 13 décembre prochain, de cet accord.
C’est naturellement Cheikh Ould Baya, conseiller technique du ministre des pêches, qui a dirigé la délégation mauritanienne à ces négociations. La délégation japonaise était dirigée par Jun Yamashita, président de Japan tuna, opérateur privé dans le secteur des pêches au thon.
Passées les amabilités préliminaires, la délégation mauritanienne a exposé son point de vue après avoir présenté le nouveau contexte caractérisé par la volonté de réaliser des accords et/ou convention «équitables» pour le pays, et «non discriminatoires» pour les partenaires. C’est la philosophie qui est à l’origine des accords et conventions avec l’Union Européenne, les Chinois et les opérateurs russes qui opèrent dans nos eaux territoriales.
Pour les Mauritaniens, le niveau des redevances versées actuellement par la flottille japonaise est en-deçà de ce que payent les autres opérateurs. D’où la nécessité de corriger pour revenir à une situation «non discriminatoire». D’autant plus que le Japon, grande puissance économique, a intérêt à intégrer cette activité à l’économie mauritanienne «conformément aux objectifs stratégiques du secteur des pêches et de la lutte contre la pauvreté» et «participer au développement de la pêche artisanale et côtière» (dixit P-V de la réunion). Une manière d’engager la responsabilité morale d’un pays comme le Japon.
Côté japonais, on estime «irrégulières» les activités des thoniers japonais : 12 navires et 1,5 millions euros par an en moyenne. C’est ce qui explique la réticence face aux exigences mauritaniennes.
La partie mauritanienne demande une compensation financière de 10 millions euros/an, somme qui doit être considérée comme participation à l’effort de lutte contre la pauvreté notamment en finançant des activités de la société de distribution de poisson qui est l’un des axes fondamentaux de la nouvelle politique visant à faire profiter les populations mauritaniennes de leurs ressources : on ne peut pas continuer à souffrir la faim alors que nous avons à portée tant de protéines. En plus, les thoniers japonais devraient payer 35 euros par tonne pêchée.
Pour la partie japonaise, ces conditions seront difficiles à adopter, surtout que le prix du thon baisse avec la dévaluation du Yen face au dollar. Tout en laissant ouverte la porte a de nouvelles négociations en vue d’arriver à un accord profitable à tous.
Prions pour que les deux parties arrivent à un accord dans la lignée de ceux qui ont été signés avec l’Union européenne, les Chinois et les Russes. Espérons aussi que cette remise à niveau des accords touche les autres secteurs de l’économie, les mines notamment.