Le
20 et 21 octobre une délégation japonaise a négocié avec le ministère mauritanien
des pêches en vue du renouvellement de l’accord de pêche au thon qui existe
depuis 21 ans. Jusque-là, c’était l’affaire des ministres qui se rendaient au
Japon et donnaient leurs accords pour permettre à la flottille japonaise de
continuer son activité. Cela ne signifiait pas grand-chose pour le Trésor
mauritanien. En 2010, un nouvel accord avait signé à Tokyo et prévoyait la
reprise des négociations avant l’expiration, le 13 décembre prochain, de cet
accord.
C’est
naturellement Cheikh Ould Baya, conseiller technique du ministre des pêches,
qui a dirigé la délégation mauritanienne à ces négociations. La délégation
japonaise était dirigée par Jun Yamashita, président de Japan tuna, opérateur
privé dans le secteur des pêches au thon.
Passées
les amabilités préliminaires, la délégation mauritanienne a exposé son point de
vue après avoir présenté le nouveau contexte caractérisé par la volonté de
réaliser des accords et/ou convention «équitables» pour le pays, et «non
discriminatoires» pour les partenaires. C’est la philosophie qui est à l’origine
des accords et conventions avec l’Union Européenne, les Chinois et les
opérateurs russes qui opèrent dans nos eaux territoriales.
Pour
les Mauritaniens, le niveau des redevances versées actuellement par la
flottille japonaise est en-deçà de ce que payent les autres opérateurs. D’où la
nécessité de corriger pour revenir à une situation «non discriminatoire».
D’autant plus que le Japon, grande puissance économique, a intérêt à intégrer
cette activité à l’économie mauritanienne «conformément aux objectifs
stratégiques du secteur des pêches et de la lutte contre la pauvreté» et «participer
au développement de la pêche artisanale et côtière» (dixit P-V de la
réunion). Une manière d’engager la responsabilité morale d’un pays comme le
Japon.
Côté
japonais, on estime «irrégulières» les activités des thoniers japonais :
12 navires et 1,5 millions euros par an en moyenne. C’est ce qui explique la
réticence face aux exigences mauritaniennes.
La
partie mauritanienne demande une compensation financière de 10 millions
euros/an, somme qui doit être considérée comme participation à l’effort de
lutte contre la pauvreté notamment en finançant des activités de la société de
distribution de poisson qui est l’un des axes fondamentaux de la nouvelle
politique visant à faire profiter les populations mauritaniennes de leurs
ressources : on ne peut pas continuer à souffrir la faim alors que nous
avons à portée tant de protéines. En plus, les thoniers japonais devraient
payer 35 euros par tonne pêchée.
Pour
la partie japonaise, ces conditions seront difficiles à adopter, surtout que le
prix du thon baisse avec la dévaluation du Yen face au dollar. Tout en laissant
ouverte la porte a de nouvelles négociations en vue d’arriver à un accord
profitable à tous.
Prions pour que les deux parties arrivent à un accord
dans la lignée de ceux qui ont été signés avec l’Union européenne, les Chinois
et les Russes. Espérons aussi que cette remise à niveau des accords touche les
autres secteurs de l’économie, les mines notamment.