Kinross fut une véritable manne les années 2009-10-11.
Le cours augmentait continuellement et les valeurs de la société montaient
avec. L’usine s’agrandissait et la société recrutait à tour de bras. On nous
promettait alors «la plus grande
exploitation d’Afrique».
Aujourd’hui tout semble remis en cause. Dans un
communiqué publié par le service de communication de Kinross, la société
annonce la suppression de quelques trois cents postes entre son siège à Las
Palmas et ses installations en Mauritanie. Arguant la chute du cours de l’or
passé de 1675$ l’once en janvier dernier à 1300$ actuellement, la société
révise ses ambitions.
«En conséquence
directe de cette concentration accrue sur la réduction des capitaux et la
préservation des liquidités, Kinross n’envisage pas de prendre une décision sur
l’opportunité d’agrandir l’usine de Tasiast avant 2015 au plus tôt». Révision
à la baisse de l’optimisme de l’année passée qui situait cet agrandissement
pour début 2014. Aucune date n’est plus précise : «2015 au plus tôt» !
Le communiqué explique que «les sociétés minières ont entrepris des mesures afin de réduire leurs
coûts et préserver les flux de trésorerie, y compris le report de projets d’exploitation
minière, des compressions des effectifs et la fermeture de bureaux». Et comme
pour rassurer les Mauritaniens, le communiqué nous apprend que «les coûts ont donc été réduits dans tous les
secteurs d’exploitation de Kinross, y compris l’exploitation internationale et
les dépenses en capital, avec des compressions des effectifs au siège social à
Toronto, la fermeture d’un bureau à Vancouver et d’un bureau d’exploitation au Mexique,
ainsi que d’importantes réductions du personnel expatrié à Tasiast». Les Mauritaniens
ne doivent pas se plaindre parce que tout le monde est touché, ne pas se
demander aussi si les coûts de réduction du personnel sont les mêmes partout. Est-ce
qu’un ouvrier ou un administratif touche la même somme et bénéficie des mêmes
traitements selon qu’il est au Canada, au Mexique ou en Mauritanie ?
Kinross rassure aussi en annonçant qu’après cette
compression, «environ 3000 salariés et
sous-traitants demeureront à Tasiast». En plus, «la société continuera de soutenir un grand éventail d’initiatives d’investissements
communautaires, y compris le développement d’une nouvelle école minière». Est-ce
suffisant ? Et si Kinross quittait demain pour une raison ou une autre, qu’est-ce
qui resterait à la Mauritanie ? des routes ? des cités ? des
usines de dessalement de l’eau ? des puits forés dans la zone ? des
zones de développement ?
Le communiqué promet
quand même : «la réduction des
effectifs est toujours une décision difficile pour une entreprise, et Kinross
soutiendra son personnel durant cette période de transition».