La
guerre d’Irak, la vraie, celle qui a fini par être une occupation du pays par
les Américains et leurs alliés. Gérant le pays à travers un gouverneur, puis
des acolytes irakiens et retirant enfin laissant derrière eux un Irak meurtri,
vivant une guerre civile qui ne dit pas son nom et qui lui coûte en vies et
en infrastructures.
«Liberté de l’Irak», c’est le nom de l’opération
militaire qui devait émanciper les Irakiens, leur donner la faculté de choisir
leurs gouvernants, leur assurer la sécurité et la stabilité, leur permettre de
jouir convenablement de leurs ressources, leur préserver leur unité et en faire
un pays-phare dans le Monde arabe. Pour ce faire le bilan est lourd : plus
d’un millions d’Irakiens en sont morts, la plupart des civils innocents ;
pour les américains le nombre de morts au sein de l’Armée s’élève à près de
5000 en plus de dizaines de milliers de blessés et plus de 5 milliards de
milliards de dollars. De quoi sortir tous les pays africains de la misère et de
quoi nourrir la moitié de la population mondiale.
Ce
coût militaire et financier a eu des effets négatifs sur les Etats-Unis d’Amérique :
sur l’économie du pays qui ne s’en est pas relevée ouvrant la voie à cette crise qui est désormais mondiale ; sur
l’Armée américaine qui a sali sa réputation par des actes barbares que l’Histoire
retiendra (tortures, exécutions sommaires, profanations de lieux de culte…) ;
sur l’image du pays qui s’est détérioré encore plus, multipliant les «ennemis» de l’Amérique…
L’opération
a été construite sur la base d’un mensonge qui a consisté à convaincre de l’existence
d’armes de destruction massive entre les mains des dirigeants irakiens de l’époque.
On sait aujourd’hui que toutes les preuves ont été trafiquées, qu’il s’agissait
d’un montage pour justifier «moralement»
une guerre qui était en fait l’une des manifestations de l’aventurisme de la
clique des «néo-conservateurs» qui
entouraient la famille Bush et qui décidaient de la conduite de l’Amérique.
Aujourd’hui
que l’on parle de possible représailles militaires contre la Syrie sous
prétexte de lui «apporter la démocratie»
et de l’utilisation des armes chimiques, on ne peut que repenser à ces dix ans
avec tant de pertes, tant de gâchis et sans le moindre résultat probant. Pour l’Irak,
pour la région ou même pour l’Occident au nom duquel la guerre a été menée. Au fil
des heures les informations se suivent : la Syrie avec l’éventualité d’une
attaque et la polémique autour des armes chimiques, et l’Iark avec ses dizaines
de morts quotidiens s’arrachent la une des journaux. Pas de gagnant dans cette
guerre, sauf…
…Sauf
le parti Baath et son leader en Irak, Saddam Hussein. Ce chef dont la mort a
été retransmise en direct par les télévisions du monde entier – malgré la
volonté de ses tueurs – est toujours plus apprécié par les Arabes que quand il
dirigeait. Sa mort, après sa profession de foi (shahada), le jour de Arafa
(summum du Haj) en fait un martyre du point de vue religieux. Il l’auréole d’une
sorte de baraka qui en fait un héros et, qui sait, un mythe dans quelques
décennies.
Le
parti Baath quant à lui a donné la preuve, que ce soit en Syrie ou en Irak, qu’il
a constitué une vision d’ensemble réunissant des peuples de différentes
confessions, de différentes origines, jetant les bases d’un Etat… On voit
actuellement que l’Etat syrien résiste depuis trois ans à tous les assauts. Les
nationalistes de Libye, les «libéraux»
d’Egypte, de Tunisie, les «hybrides»
du Yémen n’ont pas résisté un an.
Mais
le plus spectaculaire dans les deux pays, c’est que l’oligarchie du parti est
restée soudée. Si en Syrie, l’Occident et ses alliés ont pu dénicher un ou deux
traitres significatifs, ce n’est pas le cas en Irak où aucun des cadres de l’ancien
régime n’a accepté de trahir ou d’abandonner comme ça.
Et,
last but not least, l’Occident et ses alliés n’ont pas pu accuser les cadres du
Baath irakien d’avoir pillé le pays pour s’enrichir eux-mêmes. Et si Kadhafi,
Ben Ali, Mubarak et tous les autres ont possédé – possèdent encore pour ceux
qui sont au pouvoir – des comptes et des biens à l’étranger, ce n’est pas le
cas de Saddam Hussein ou de ses compagnons.
Pour
toutes ces raisons, l’Irak de Saddam parait de plus en plus comme «un paradis perdu», au moins une «entreprise avortée» de construction d’un
Etat fort et respecté… Dix ans après l’occupation de l’Irak, on ne peut que
regretter la situation d’avant…