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mercredi 14 août 2013

Le Président de la République a parlé

Près de quatre heures de temps dont une heure dix pour une introduction qui a fait le bilan des quatre années passées de son mandat. Avant de donner la parole aux intervenants.
Sur la forme, le temps pris par la présentation était long, ce qui lui donnait l’aspect d’un exercice laborieux difficile à suivre pour le récepteur. Il est nécessaire de trouver une formule pour alléger considérablement cette présentation pour permettre aux auditeurs de suivre et de retenir les chiffres. Soit en l’éclatant en axes distincts, soit en résumant, soit en distribuant des fascicules au préalable…
Deuxième remarque : le Président a regretté à la fin l’incapacité «technique» des médias à faire de l’exercice une «véritable rencontre avec le peuple». C’est vrai qu’entre les appels téléphoniques impossibles à gérer et qui finissent toujours sans avoir commencé, les intervenants sur place qu’on choisit sans savoir pourquoi et les journalistes sur le plateau qui évoquent surtout des questions d’actualité, entre tous ces gens on se perd facilement. Pourtant la TVM avait préparé un micro-trottoir ce soir-là qu’elle n’avait pas présenté, pourquoi ?
La mise en scène globale est très professionnelle avec les décors de nattes traditionnelles comme arrière-fond et le face-à-face avec un espace ouvert où sont rassemblés ceux qui sont venus suivre l’entretien… «Suivre» ? C’était difficile à suivre à cause des fous, des excités de tous genres qui venaient à portée de voix du Président, parfois pour vilipender le gouvernement, la presse, les élus…, parfois pour crier leur soutien…, toujours pour perturber le bon cours de l’exercice. Des meetings se forment en marge et au moment où le Président de la République explique. Comment alors suivre ? Visiblement, la sécurité a reçu instruction de ne brusquer personne, quoi qu’il dise. Parce qu’on a vu ses éléments se contenter de demander gentiment aux crieurs publics de se taire ou d’attendre d’avoir la parole, mais jamais de violence.
Sur le contenu du discours et en attendant de vous livrer une lecture complète (dans l’édition papier du journal La Tribune de lundi), je reviens sur quelques axes qui me semblent saillants.
Sur les élections :
Après expliqué le processus par lequel est passée la décision de convocation du collège électoral, décidée d’abord par la CENI qui demande au gouvernement d’adopter le décret, le Président s’est dit prêt à accepter toute mesure pouvant permettre de faire participer tous les partis politiques. «Seulement, les élections ne peuvent plus être reportées sine die, peut-être une, deux et même trois semaines…» Mais il s’est déclaré favorable à l’ouverture de la CENI aux partis qui jugeraient cela utile et rassurant. Il a aussi évoqué la possibilité de créer un Observatoire des élections dont il faudra définir les missions et les rôles. Ouvert à tout ce qui peut permettre d’amener les autres partis au jeu politique.
Sur la lutte contre la gabegie :
La volonté de lutter contre la mauvaise gouvernance est toujours forte pour lui. Elle n’épargne personne. La preuve pour lui, c’est que la plupart de ceux qui ont été «touchés» appartiennent à la sphère de ses soutiens. Soulignant que les inspections de l’Inspection générale d’Etat (IGE) ont permis de récupérer près d’un milliard cinq cents millions (1.480.521.788 UM). Non il ne croit pas que l’administration souffre des mêmes problèmes de gabegie d’avant. Il estime aussi que les prévaricateurs d’antan peuvent faire leur repentir et ne doivent en tous cas payer pour les forfaitures commises au temps où il leur était permis de les commettre. Un adoucissement de langage vis-à-vis de cette frange de cadres qui ont symbolisé la mauvaise gestion d’une période donnée. Le Président a précisé que c’est grâce à la rationalisation des dépenses publiques, aux contrôles multiples et à l’exigence de bonne gestion que l’Etat a pu financer une grande partie des projets en cours de réalisation.
Si les entrées au niveau des douanes et des impôts ont été considérablement augmentées, ce n’est pas à cause de nouvelles taxes, mais parce que le recouvrement est plus efficace et touche désormais l’ensemble des opérateurs. Sur les 7 premiers mois de 2013, les impôts ont déjà recouvert près de 90 milliards plus que six années cumulées sur les années d’avant 2010. Pas parce que de nouvelles taxes ont été décidées, mais simplement parce que les autorités sont revenues à la vérité de l’assiette imposable et que le recouvrement est efficace.
Sur la modernisation de l’administration :
Le Président a noté la réhabilitation de l’ancienne ENA et sa transformation en Ecole d’administration, de Magistrature et de journalisme (ENAJM) pour lui permettre de former selon les critères modernes et de proximité avec le peuple. Il a aussi insisté sur l’existence d’une Commission nationale des concours qui a permis de pourvoir 6461 postes à travers 47 concours dont les conditions de transparence et de régularité sont reconnues par tous. C’est en fait avec des outils comme celui-là que la Mauritanie peut s’assurer d’avoir l’élite qui convient, restera la problématique de la gestion des carrières. La rigueur qui a caractérisé le concours de recrutement doit être la même pour le cursus professionnel des individus pour permettre la promotion de la qualité et de l’efficacité. En attendant, 6461 jeunes mauritaniens auront été admis pour leurs compétences, pas parce qu’ils auront bénéficié de coup de pouce comme cela se faisait. C’est déjà ça de gagné !

(La sortie fait l’objet d’un long article dans l’édition de cette semaine du journal La Tribune)