Il y a un an, la Mauritanie signait avec l’Union
Européenne un nouvel accord de pêche. Le négociateur mauritanien obtenait du
partenaire UE plusieurs avantages se rapportant à la compensation financière
qui connaissait une nette amélioration, au système d’exploitation qui faisait
payer désormais la tonne pêchée, au produit pêché qui excluait les céphalopodes
réservés désormais aux seuls exploitants nationaux, à l’emploi qui devenait
réel avec une nette augmentation des traitements et des embarqués, au contrôle
du produit pêché, à la zone de pêche qui fut réduite pour préserver la
ressource mauritanienne…
Pour la première fois de l’histoire de tous
les accords de pêche entre notre pays et l’UE, ce qui «dérangeait ceux qui l’étaient» n’était pas le soupçon de corruption
du négociateur, ni son incapacité à défendre l’intérêt du pays, mais bien sa
réussite à arracher le maximum pour le pays.
La colère la plus manifestée fut celle des
opérateurs espagnols qui se sentaient lésés par la «nationalisation» de la ressource céphalopodière par la Mauritanie
qui entamait ainsi une politique visant à sauver ce qui peut l’être de la
ressource, à développer ses capacités en matière de pêche artisanale et à faire
le plein emploi national dans le secteur. En somme une vision d’une
exploitation prenant en compte les impératifs écologiques et les exigences
nationales.
Dans la «bataille
diplomatique» qu’engagea l’Espagne – armateurs, élus et même Exécutif –
contre l’Accord, le négociateur mauritanien était bien esseulé. Tout semblait
le condamner à repasser sous les fourches caudines du Goliath auropéen.
Contre lui se liguaient des faisceaux d’intérêt,
y compris de l’intérieur du pays (fonctionnaires du ministère, consignataires,
suppôts dévoyés…). Mais l’opposition espagnole était la plus déterminante dans
le processus de remise en cause de l’Accord. Partis politiques mauritaniens,
ONG, journalistes, intellectuels… préférèrent se tenir à l’écart des joutes et
des engagements. Si l’on excepte quelques articles «indépendants» soutenant la position mauritanienne, la plupart des
opinions exprimées étaient plutôt destinées à biaiser le processus de
ratification par le Parlement européen.
C’est cette semaine que les opérateurs
artisanaux mauritaniens ont bougé pour se féliciter d’abord des avancées faites
et pour exiger le maintien de la mauritanisation de la pêche céphalopodière. Une
journée puis un communiqué de la section artisanale et côtière de la Fédération
nationale des pêches.
Le communiqué publié le 26 août affirme :
«Aujourd’hui, nous sommes 36.000 pêcheurs artisans et nous
utilisons 7.500 embarcations artisanales. Pour ce qui est de la pêche de
poulpe, nous assurons 60% de la production nationale en quantité et 70% en
valeur. Nous fournissons 90% de l’emploi dans le secteur, avec des gens qui
travaillent dans 50 usines de traitement de congélation des produits, dans 12
ateliers de fabrication de pirogues, et dans des centaines de magasins de vente
de matériel, des milliers de mareyeurs, de transporteurs, de fabricants de
pots, etc. Dans la pêche artisanale, la valeur ajoutée est de 8 fois supérieure
à la valeur ajoutée dans la pêche industrielle».
Avant de mettre en exergue quelques
mesures visant à imposer une exploitation «convenable»
parce que prenant en compte la nécessité de préserver la ressource : 4
mois d’arrêt biologique par an, la limitation à plus de 500 grammes du poulpe
traité, la pêche au pot qui permet une meilleure maitrise des captures…
Pour les auteurs du communiqué, «repousser les chalutiers plus au large va
contribuer à protéger les fonds marins, diminuer les accidents avec les
pirogues artisanales, diminuer la compétition avec nos pirogues et aussi
diminuer les CAPTURES ACCESSOIRES». Et c’est ce que prévoit l’Accord avec l’Union
européenne.
En raison de l’importance de la
décision de réserver les céphalopodes aux seuls artisans mauritaniens, les
opérateurs exigent «que cette décision
soit immortalisée par son inscription dans le Code des Pêches pour lui garantir
la transcendance aux futurs accords».
En choisissant la date du 26
juillet, la FNP entend célébrer l’Accord signé le même jour en 2012. Il faut
rappeler qu’après avoir embarqué avec eux d’autres pays dans la contestation
des termes de l’Accord, les Espagnols sont bien seuls aujourd’hui à continuer à
ruer dans les brancards : les Portugais, les Hollandais ont préféré
exploiter leur quote-part.
L’Accord de pêche avec l’UE a permis
aussi de réajuster la Convention avec les Chinois et de préparer de nouveaux
accords de partenariat avec les Russes qui commencent à signer avec le pays. Et
c’est tout bénef pour le pays.