C’est une émission de télévision qui cherche
visiblement à créer une atmosphère plaisante en donnant la parole aux enfants.
Le jeune reporter pose des questions compliquées à des enfants âgés de 4 à 9
ans. Cela passe par la définition du «socialisme»,
du «capitalisme», «qu’est-ce que les Talibans ?», «c’est quoi le salafisme ?», parfois
des questions à propos de pays ou sur l’histoire du monde arabo-musulman.
On peut bien se gausser des réponses qui sont
toujours farfelues, surprenantes ou tout simplement dangereuses. Mais on ne
peut que remarquer que sur la quinzaine de gosses qui subissent le test, aucun
ne dit : «je ne sais pas». Les
plus timides d’entre eux – ils sont peu nombreux – regardent à gauche et à
droite avant d’avancer une réponse. Mais vous n’entendrez jamais «je ne sais pas» (maa na’raf).
C’est une attitude bien de chez nous. Qui vous
a jamais dit qu’il ne sait pas quoi vous répondre pour être ignorant de la
chose ? Ici chacun prétend tout savoir ou au moins savoir un peu de tout.
Juste de quoi donner l’impression que l’on était un «fataa», un gentilhomme au sens médiéval du terme : la tête
bien pleine plutôt que la tête bien faite. C’est ainsi qu’entre le faqih et le
médecin, vous ne pouvez faire la différence, l’un répondant à la place de
l’autre dans ces émissions du Ramadan. Qui est le journaliste dans tout
ça ? qui est le technicien ? qui est le spécialiste ?
…En réfléchissant à cette situation qui est la
nôtre, je me suis rappelé que Socrate n’aurait jamais pu être un Mauritanien. Sa
grande sagesse du Maître Socrate ayant été : «Tout ce que je sais c’est que je ne sais rien».