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lundi 8 juillet 2013

Sectarisme, tribalisme…

Les évènements de Kaédi, ceux de Dowshliya (près de Mederdra) viennent nous rappeler combien il est dangereux de continuer à cultiver la haine entre les différentes composantes de notre société déjà fragilisée par les agressions d’une vie toujours plus difficile à mener.
Kaédi. Il a suffi d’une banale bagarre pour une place au marché entre deux individus pour ouvrir la voie à une confrontation ethnique qui aurait pu prendre une ampleur autre n’était le refus de la grande majorité de la population de suivre les belliqueux.
Dowshliya. Il a suffi d’une controverse religieuse d’un autre temps pour voir des populations, jusque-là modèles de passiveté et de modération, s’affronter violemment.
A l’origine des deux évènements, il y a cette culture de la violence que l’élite adopte depuis un certain temps et qui ne laisse plus de place aux ressorts traditionnels de règlement des conflits. Il y a aussi ce laisser-aller instauré au nom de la liberté d’expression et de manifestation et qui est en fait une tentative sournoise de décrédibiliser la démocratie et la liberté. En les laissant s’apparenter à un chao général.
Les débuts de tous les renversements relèvent toujours de l’anecdotique. Cela commence très souvent par une banale histoire qui finit par alimenter une atmosphère déjà pourrie par la rumeur et les analyses les plus saugrenues.
Le plus grand drame que les Mauritaniens ont vécu ces dernières décennies est bien celui des «évènements de 1989». Cela a commencé par une bagarre entre des éleveurs Peulhs (Mauritaniens) et des agriculteurs Soninkés (Sénégalais). Cela s’est terminé par les plus grands massacres de part et d’autre, le déplacement de milliers de pauvres citoyens de part et d’autre, la fermeture des frontières pendant près de trois ans et une fracture qui n’arrive pas à cicatriser.
Pourtant des évènements comme celui de Diawara le 9 avril 1989, relèvent du quotidien dans cette région frontalière. Mais la bagarre est intervenue à un moment où les esprits sont pourris par la propagande raciste et xénophobe et où les consciences sont neutralisées par la culture de la haine. C’est le contexte qui a créé 89 et non la bagarre de Diawara.
En Mauritanie, ces derniers temps, tout tourne autour du rejet de l’autre, autour de sa culpabilisation… Le reflux des idéologies unitaires et la pauvreté du discours politique en général exacerbent le recours (le retour) aux réflexes primaires dont celui de tout construire autour d’un particularisme. La Raison disparait devant le réflexe épidermique.
La haine aveugle toute l’élite et corrompt tous les discours.
Vous allez être surpris de constater combien l’élite a été indifférente aux évènements de Kaédi (et de Dowshliya). Quels sont les partis qui ont immédiatement réagi ? quels sont les sites, les chaines ou les journaux qui ont dépêché des correspondants sur place pour en savoir plus ?

L’Egypte intéresse plus tout ce monde. Pourtant, ce sont là des évènements qui pourraient être annonciateurs de mauvais lendemains, qui sont déjà révélateurs d’un présent incertain.