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lundi 1 juillet 2013

Mohamed Morsi, dégage !

A peine un an au pouvoir et voilà qu’il est sommé par la rue égyptienne de dégager. Décidément, Mohamed Morsi n’a pas convaincu, lui le candidat islamiste qui a gagné la première élection libre et plus ou moins régulière en Egypte.
On comprend, comme il le dit pour se défendre, que les attentes étaient trop grandes alors que les moyens pour les satisfaire l’étaient moins. Il a dû faire face à une réalité marquée par un lourd héritage qui demande de réelles réformes et un fort engagement sur le terrain. Pas des discours et des promesses peu précises et toujours fuyantes.
Mais, quoi qu’il en soit, on ne peut comprendre, encore moins accepter le principe d’une interruption de son mandat parce que toute l’Egypte aura manifesté contre lui. Il a été élu pour un mandat qu’il doit accomplir jusqu’au bout. Maintenant que les langues se dont déliées et qu’il ya eu cette expérience Morsi, il est difficile aux Egyptiens de redonner le pouvoir aux Islamistes qui n’ont finalement pas changé grand-chose dans la façon de gouverner de Hosni Moubarak. Même pas au niveau diplomatique, les relations avec Israël et l’Occident en général étant restées au même niveau de proximité et de chaleur.
C’est sur cela que le mouvement «Tamarroud» (rébellion) a construit le mouvement de contestation qui vise à faire dégager le Président Morsi. A l’origine du mouvement quelques cinq activistes, tous jeunes dont un certain Mohamed Abdel Aziz (pour la petite histoire). Tous considèrent que les Frères Musulmans leur ont volé leur révolution. Aujourd’hui, le mouvement compte une dizaine de millions d’adhérents.
Ce qui se passe en Egypte a quelques répondants en Mauritanie. Certains manifestent ici pour soutenir le Président Morsi. Les mêmes qui par ailleurs demandent à Ould Abdel Aziz de dégager, donc d’interrompre le mandat pour lequel il a été élu. Ils déploient la même logique que j’expliquais tantôt : Morsi est élu pour un mandat et il faut le laisser le compléter. Oubliant qu’ils condamnent ainsi leur mouvement de contestation en Mauritanie. Par ailleurs, il nous semble d’ici que ce qui se passe en Egypte ressemble étrangement au processus politique mauritanien. Quand les intellectuels égyptiens traitaient les Mauritaniens de tous les maux en disant que c’est un peuple qui ne mérite pas la démocratie. C’est parce qu’au début, en 2005, alors que l’Egypte vivait ses premiers soubresauts «révolutionnaires» avec le mouvement «kivaya» (assez), intervenait en Mauritanie le coup d’Etat qui proposait une période de transition débouchant sur des élections libres et transparentes, sans la candidature de ceux qui ont pris le pouvoir. La Mauritanie était alors le modèle pour la jeunesse contestataire. Ce que les intellectuels traditionnels n’ont pas pardonné à notre pays qui fut traité plus tard de tous les qualificatifs.
Ceux parmi nous qui n’ont pas oublié se délectent en attendant la suite…