A peine un an au pouvoir et voilà qu’il est sommé par la
rue égyptienne de dégager. Décidément, Mohamed Morsi n’a pas convaincu, lui le
candidat islamiste qui a gagné la première élection libre et plus ou moins régulière
en Egypte.
On comprend, comme il le dit pour se défendre, que les
attentes étaient trop grandes alors que les moyens pour les satisfaire
l’étaient moins. Il a dû faire face à une réalité marquée par un lourd héritage
qui demande de réelles réformes et un fort engagement sur le terrain. Pas des
discours et des promesses peu précises et toujours fuyantes.
Mais, quoi qu’il en soit, on ne peut comprendre, encore
moins accepter le principe d’une interruption de son mandat parce que toute
l’Egypte aura manifesté contre lui. Il a été élu pour un mandat qu’il doit
accomplir jusqu’au bout. Maintenant que les langues se dont déliées et qu’il ya
eu cette expérience Morsi, il est difficile aux Egyptiens de redonner le
pouvoir aux Islamistes qui n’ont finalement pas changé grand-chose dans la
façon de gouverner de Hosni Moubarak. Même pas au niveau diplomatique, les
relations avec Israël et l’Occident en général étant restées au même niveau de
proximité et de chaleur.
C’est sur cela que le mouvement «Tamarroud»
(rébellion) a construit le mouvement de contestation qui vise à faire dégager
le Président Morsi. A l’origine du mouvement quelques cinq activistes, tous
jeunes dont un certain Mohamed Abdel Aziz (pour la petite histoire). Tous considèrent
que les Frères Musulmans leur ont volé leur révolution. Aujourd’hui, le
mouvement compte une dizaine de millions d’adhérents.
Ce qui se passe en Egypte a quelques répondants en
Mauritanie. Certains manifestent ici pour soutenir le Président Morsi. Les
mêmes qui par ailleurs demandent à Ould Abdel Aziz de dégager, donc
d’interrompre le mandat pour lequel il a été élu. Ils déploient la même logique
que j’expliquais tantôt : Morsi est élu pour un mandat et il faut le
laisser le compléter. Oubliant qu’ils condamnent ainsi leur mouvement de
contestation en Mauritanie. Par ailleurs, il nous semble d’ici que ce qui se
passe en Egypte ressemble étrangement au processus politique mauritanien. Quand
les intellectuels égyptiens traitaient les Mauritaniens de tous les maux en
disant que c’est un peuple qui ne mérite pas la démocratie. C’est parce qu’au
début, en 2005, alors que l’Egypte vivait ses premiers soubresauts «révolutionnaires»
avec le mouvement «kivaya» (assez), intervenait en Mauritanie le coup d’Etat
qui proposait une période de transition débouchant sur des élections libres et
transparentes, sans la candidature de ceux qui ont pris le pouvoir. La Mauritanie
était alors le modèle pour la jeunesse contestataire. Ce que les intellectuels
traditionnels n’ont pas pardonné à notre pays qui fut traité plus tard de tous
les qualificatifs.
Ceux parmi nous qui n’ont pas oublié se délectent en attendant la suite…