La fête du travail… depuis le temps qu’elle est
célébrée dans le pays… toujours le même cérémonial, celui légué par le Parti du
Peuple Mauritanien (PPM) à travers l’Union des travailleurs de Mauritanie (UTM)
qui résiste encore à toutes ses excroissances et avatars qui ont fini par
peupler l’espace syndical.
Dans les années 70, le pouvoir avait imposé l’UTM
comme unique syndicat dans lequel devait s’exprimer toutes les tendances
politiques. Le débat interne devait ouvrir la voie à une guerre intérieure d’influence,
guerre qui prendra des allures de combats acharnés et dramatiques (parfois).
Avec l’avènement des militaires en 1978, l’instrumentalisation
de la vie institutionnelle devait amener les autorités à faire pression sur le
syndicat pour l’inféoder encore plus. Comme dans la vie politique de tous les
jours, ce sont les oppositions entre nationalistes arabes et africains (alliés
par moments) et ceux du Mouvement national démocratique (MND) d’une part, et d’autre
part les Chartistes (Kadihine ayant rejoint le PPM), Baathistes et
traditionnalistes (mélange de notabilités et d’anciens dignitaires du PPM), ce
sont les oppositions entre ces deux grands groupes qui vont rythmer la vie du
syndicat dont on n’entend parler qu’à l’occasion du renouvellement de ses
structures sinon d’une motion de soutien au comité militaire.
Dans les années 80, l’UTM est entre les mains de ce
qui reste du Front patriotique (nassériens, MND, Nationalistes négro-africains).
Quand arrive la démocratisation, la centrale syndicale se relève difficilement
d’un combat politique qu’elle a mené sans en avoir les moyens. Poussée par les
politiques, elle voulut jouer le rôle de fer de lance dans la lutte pour la
démocratisation de la vie publique. Elle était le seul cadre légal par lequel
les politiques pouvaient s’exprimer. Mais les groupuscules qui la contrôlaient
n’avaient pas les mêmes visées.
Pour ceux du MND, l’heure était à l’accompagnement de
la tendance à la démocratisation en Afrique. Les revendications devaient être
plus véhémentes, plus populaires. Pour les nationalistes arabes, il s’agissait
d’un «complot ourdi par l’Occident» contre notre pays en vue de
compromettre sa réalisation identitaire. Le radicalisme des premiers allait
compléter la mise en place du dispositif déployé par les seconds en vue de
prendre le contrôle des arcanes du pouvoir de Ould Taya. Si bien que l’UTM des
années 90, est un syndicat inféodé au PRDS, le parti au pouvoir à l’époque.
Quand arrive la libéralisation au milieu des années
90, seuls des groupes politiques comme le MND ou El Horr sont capables de créer
leurs propres centrales (CGTM et CLTM). Plus tard, les Islamistes vont investir
les syndicats professionnels, particulièrement ceux des enseignants. Avant de
voir se multiplier les syndicats. Comme on a vu se multiplier les ONG’s, les
partis, les journaux, les pharmacies, les banques, les assurances… La culture
de la duplication est passée par là. Mais aussi celle du profit et de la
manipulation.
Cette duplication s’accompagne fatalement d’une
banalisation qui décrédibilise et atténue le rôle des uns et des autres. Ce 1er
mai voit la naissance d’une nouvelle génération de syndicats et de
syndicalistes, militants d’une cause donnée et ancrant leurs activités ailleurs
que dans le référentiel de la lutte ouvrière et de la lutte des classes. Le syndicat
des dockers ne s’appelle-t-il pas «Laa ilaaha illa Allah» et ne se
créer-t-il pas en opposition aux syndicats traditionnels ?