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mercredi 1 mai 2013

Les fêtes se suivent


La fête du travail… depuis le temps qu’elle est célébrée dans le pays… toujours le même cérémonial, celui légué par le Parti du Peuple Mauritanien (PPM) à travers l’Union des travailleurs de Mauritanie (UTM) qui résiste encore à toutes ses excroissances et avatars qui ont fini par peupler l’espace syndical.
Dans les années 70, le pouvoir avait imposé l’UTM comme unique syndicat dans lequel devait s’exprimer toutes les tendances politiques. Le débat interne devait ouvrir la voie à une guerre intérieure d’influence, guerre qui prendra des allures de combats acharnés et dramatiques (parfois).
Avec l’avènement des militaires en 1978, l’instrumentalisation de la vie institutionnelle devait amener les autorités à faire pression sur le syndicat pour l’inféoder encore plus. Comme dans la vie politique de tous les jours, ce sont les oppositions entre nationalistes arabes et africains (alliés par moments) et ceux du Mouvement national démocratique (MND) d’une part, et d’autre part les Chartistes (Kadihine ayant rejoint le PPM), Baathistes et traditionnalistes (mélange de notabilités et d’anciens dignitaires du PPM), ce sont les oppositions entre ces deux grands groupes qui vont rythmer la vie du syndicat dont on n’entend parler qu’à l’occasion du renouvellement de ses structures sinon d’une motion de soutien au comité militaire.
Dans les années 80, l’UTM est entre les mains de ce qui reste du Front patriotique (nassériens, MND, Nationalistes négro-africains). Quand arrive la démocratisation, la centrale syndicale se relève difficilement d’un combat politique qu’elle a mené sans en avoir les moyens. Poussée par les politiques, elle voulut jouer le rôle de fer de lance dans la lutte pour la démocratisation de la vie publique. Elle était le seul cadre légal par lequel les politiques pouvaient s’exprimer. Mais les groupuscules qui la contrôlaient n’avaient pas les mêmes visées.
Pour ceux du MND, l’heure était à l’accompagnement de la tendance à la démocratisation en Afrique. Les revendications devaient être plus véhémentes, plus populaires. Pour les nationalistes arabes, il s’agissait d’un «complot ourdi par l’Occident» contre notre pays en vue de compromettre sa réalisation identitaire. Le radicalisme des premiers allait compléter la mise en place du dispositif déployé par les seconds en vue de prendre le contrôle des arcanes du pouvoir de Ould Taya. Si bien que l’UTM des années 90, est un syndicat inféodé au PRDS, le parti au pouvoir à l’époque.
Quand arrive la libéralisation au milieu des années 90, seuls des groupes politiques comme le MND ou El Horr sont capables de créer leurs propres centrales (CGTM et CLTM). Plus tard, les Islamistes vont investir les syndicats professionnels, particulièrement ceux des enseignants. Avant de voir se multiplier les syndicats. Comme on a vu se multiplier les ONG’s, les partis, les journaux, les pharmacies, les banques, les assurances… La culture de la duplication est passée par là. Mais aussi celle du profit et de la manipulation.
Cette duplication s’accompagne fatalement d’une banalisation qui décrédibilise et atténue le rôle des uns et des autres. Ce 1er mai voit la naissance d’une nouvelle génération de syndicats et de syndicalistes, militants d’une cause donnée et ancrant leurs activités ailleurs que dans le référentiel de la lutte ouvrière et de la lutte des classes. Le syndicat des dockers ne s’appelle-t-il pas «Laa ilaaha illa Allah» et ne se créer-t-il pas en opposition aux syndicats traditionnels ?