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mercredi 24 avril 2013

Que veulent les politiques ? (3)

Pour résumer la nouvelle position de la COD, celle qui est exprimée depuis la remise de la réponse à l’initiative du Président Messaoud, on pourrait dire : La COD répond «positivement» à l’initiative mais a deux exigences, concernant le lancement immédiat et solennel d’un «nouveau dialogue» et la mise en place d’un gouvernement d’union national ayant de «larges prérogatives».
Concernant le premier point, la COD voudrait amener les deux autres parties à faire table-rase du dialogue réalisé l’année passée et à oublier ses résultats pour se remettre autour d’une table suivant de nouvelles dispositions. Une manière de réaliser un double coup : revenir à la case départ et amener les deux autres pôles à se désavouer. Un jeu d’enfants qui n’a pas ses raisons.
Autre lecture plus ou moins explicite : «Nous refusons de revenir sur l’exigence du départ du régime, mais nous demandons l’organisation d’élections consensuelles où le pouvoir va se démettre et abandonner toutes ses prérogatives pour permettre la mise en place d’un gouvernement d’union nationale qui aura tout en main. Si nous réussissons à le chasser par les urnes, c’est tant mieux, sinon on reviendra à notre position initiale. Parce que, pour nous, Ould Abdel Aziz n’est plus apte à diriger le pays».
En fait, l’exigence du départ de Ould Abdel Aziz a été un choix politique catastrophique pour le processus dont on aurait dû vouloir la restauration au lendemain de la crise ouverte en 2008-2009. Personne n’a voulu faire de cette restauration un objectif à réaliser.
Rappel nécessaire. Certains ont cru pouvoir amener le pouvoir issu de l’élection de juillet 2009 à s’ouvrir et à les impliquer un peu plus, un peu mieux, dans la gestion des affaires. Reconnaissant immédiatement les résultats, ils ont accepté – sans attendre que ce soit une demande officielle – de prendre langue avec le pouvoir. Cela s’est traduit pour eux par quelques nominations dans les sphères moyennes de l’administration : une grande direction par-ci, un projet par-là…, parfois dans des postes de conseillers proches de l’Exécutif.
Ce fut le cas de Tawaçoul qui ira dans sa démarche jusqu’à établir des listes communes avec l’UPR, le parti au pouvoir pendant le renouvellement du tiers du Sénat qui va suivre. C’est bien une coalition UPR-Tawaçoul qui arrache le siège de Boutilimitt au RFD. ADIL qui était encore dans l’atmosphère du FNDD (front national pour la défense de la démocratie), prit le même chemin tout en engageant plus tard des négociations avec la Majorité.
D’autres sont restés dans leur position de rejet des résultats des élections qu’ils ont pourtant cogérées. Jusqu’au jour où, au lendemain de l’attaque mauritanienne contre un camp de AQMI au Mali (12 juillet 2010), il y eut la fameuse rencontre entre le chef de file de l’Opposition démocratique, Ahmed Ould Daddah et le Président Mohamed Ould Abdel Aziz. Le dialogue informel était renoué sans condition. Le processus formel était lancé.
La COD qui ne comptait pas encore Tawaçoul en son sein, établit une feuille de route, une sorte de plate-forme qui devait être défendue par le président de la COD, Me Mahfoudh Ould Bettah et celui de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir. On passera par la demande solennelle faite par le Président Ould Abdel Aziz le 28 novembre 2010, par les discussions au sein de la COD, l’échange de plusieurs correspondances…
Quand éclatent les évènements de Tunisie, d’Egypte et de Libye. Selon une lecture des évènements, il s’agissait d’un phénomène qui allait inévitablement toucher tous les pays de la région. Pas besoin de continuer à vouloir une évolution «calme», le régime est appelé «à disparaitre nécessairement». C’était mal évaluer les capacités des uns à pouvoir provoquer la chute d’un régime, fut-il au bord de l’effondrement (on oubliait ici l’expérience du putsch de juin 2008, quand le pouvoir était dans la rue et que personne n’a daigné essayer de le récupérer). C’était surtout mal connaitre le mental des Mauritaniens qui partagent une aversion extraordinaire pour tout changement comportant des risques. La situation n’amenait pas non plus à adopter une attitude suicidaire, surtout que l’exemple libyen n’a pas tardé à tourner vers une guerre indéfinissable.
Le pays nage depuis dans une atmosphère de flou politique qui arrange visiblement tous les acteurs. Pour le pouvoir, ce sera toujours un prétexte de décrédibiliser ses adversaires et d’amener les plus virulents d’entre eux à se retrancher dans les positions les plus radicales, parfois les plus incongrues…, les éloignant un peu plus de la réalité des rapports de force… C’est certainement ici qu’il faut situer le grand problème de nos hommes politiques : l’incapacité à pouvoir évaluer un rapport de force, alors que la démocratie est d’abord une situation dynamique de rapports de force.
Autre «valeur» (ou facteur déterminant) de la démocratie, c’est le respect de l’autre. Pas la peine de pérorer là-dessus, nous savons où est-ce que nous en sommes. La demande de vérité n’existe pas, parce que la rumeur à remplacé l’information sur le fait… On dépense désormais plus d’énergie à entretenir une rumeur, à expliquer une action imaginaire qu’à élaborer un programme alternatif convainquant et emballant pour une grande majorité d’entre nous.
Les messages émis sont de plus en plus flous. Pas seulement parce qu’ils sont mal conçus au départ, mais parce que le médium choisi n’a pas les compétences nécessaires pour les faire parvenir. Veut-on vraiment les faire parvenir ?