Hier, dimanche 21 avril, trois partis politiques
annonçaient leur retrait de la Majorité présidentielle. Il s’agit de :
ADIL, le parti créé sous la présidence de Sidi Ould Cheikh Abdallahi et qui a
fini par provoquer la chute de celui-ci, le Mouvement pour la Refondation (MPR)
créé par le député Kane Hamidou Baba au lendemain de son retrait du
Rassemblement des forces démocratiques sous la bannière duquel il avait été
élu, et le Renouveau démocratique (RD) de Moustapha Ould Abdeiderrahmane.
Les raisons officielles données à ce retrait sont de l’ordre
de la déception du parcours commun. Insistant sur le fait d’avoir intégré la
Majorité à la suite d’un accord politique, le communiqué exprime sa déception
quant à la ligne suivie par le pouvoir. D’où le retrait. Oralement, notamment
dans l’interview que Ould Abdeiderrahmane a accordée à Al Jazeera le soir même,
le chef du RD, président actuel du groupe, explique que les engagements pris
sur le plan de la lutte contre la gabegie n’ont pas été respectés par les
autorités actuelles. Soit. Mais la noblesse de la cause ne peut faire oublier
le reste. Tout ce qui fait bouger la scène politique ces jours-ci.
Surtout la probabilité de voir «l’initiative du
Président Messaoud aboutir». Il s’agit de ce document élaboré il y a
quelques mois par le président de l’Assemblée nationale et proposé comme «solution
de sortie de crise». Ce document tourne autour d’une idée principale, c’est
du moins la seule que l’ensemble de la classe politique retient : la mise
en place d’un gouvernement d’union nationale chargé de préparer des «élections
consensuelles».
L’initiative a été lancée par son auteur au lendemain de la
conclusion d’accords importants entre une partie de l’opposition dont son parti
l’APP, et la Majorité. La mise en œuvre de l’accord était déjà en marche quand,
dans un élan de solidarité magnanime, le Président Messaoud Ould Boulkheir s’est
rappelé que le processus ainsi entamé allait laisser ses anciens compagnons sur
la route du désespoir. Il fallait au plus vite déclencher un autre processus
pour leur permettre de s’impliquer dans le jeu politique futur.
Si cela n’aboutissait pas, on dira que le Président
Messaoud aura tout essayé pour amener tout le monde vers le consensus. Le mérite
existe et permettra certainement d’atténuer les risques ouverts par les choix «consensuels»
(dans le sens de «mous») du leader de l’APP. Il aura été la personnalité
politique médiane et le seul interface entre les protagonistes d’un jeu
politique qui avait atteint ses limites supportables pour les différentes
parties. L’opposition radicale aura usé de tout pour faire «dégager» un
pouvoir qui n’a rien abandonné pour permettre aux autres acteurs de sauver la
face. Rumeurs, coups montés, manipulations, insultes, campagnes médiatiques
fallacieuses…, tout a été entrepris pour mobiliser au sein de l’un et l’autre
des camps. L’effort fourni par le Président Messaoud répond effectivement à une
demande réelle d’apaisement au sein de la société mauritanienne.
Si par contre, l’initiative était adoptée par les différents
protagonistes, elle satisferait au moins quelques ambitions. La première est
bien sûr ce rôle central qui relancera la position d’un homme, symbole jusque-là
d’un combat qui lui échappe à cause de la concurrence de plus en plus rude de
quelques autres activistes, prêts eux à aller très loin dans la surenchère pour
incarner une cause qu’ils veulent accaparer. C’est un peu si le leader syndicaliste
Samory Ould Biye, celui de IRA Birama Ould Abeidi ou l’homme politique Mohamed
Ould Bourbouç essayait chacun de s’approprier un héritage, celui du combat pour
l’affranchissement d’une importante frange de la société mauritanienne. Ce combat
a toujours été incarné par Messaoud Ould Boulkheir, sans réel concurrent. De nouvelles
velléités de leadership – plus ou moins légitimes – s’expriment désormais. Pour
éviter cette confrontation, le «vieux lion» a choisi de boxer dans la
catégorie des «rassembleurs» et non des «militants sectaires»…
Accessoirement, l’initiative permet de retarder aussi les
élections législatives et municipales, peut-être de les repousser au-delà de la
future présidentielle prévue en 2014. Ce qui donne un sursis à la configuration
actuelle : la Majorité reste majorité, le président de l’Assemblée reste à
sa place, le chef de file de l’Opposition démocratique reste le même… Qui dit
mieux ?
Et pour
les autres acteurs ? que représente cette initiative ? C’est ce que
nous allons essayer de voir dans les prochains postings.