Parce que je devais assister à la prière
du mort organisée dans une mosquée de Tinsweylim (non loin de l’hôpital Zayed),
j’ai dû suivre une conférence animée par trois figures du parti Tawaçoul dont,
je crois le président du Conseil national du parti islamiste. Dans cette
mosquée, chaque jeudi, les «bonnes âmes»
- il ne doit pas obligatoirement s’agir de militants du parti – se retrouvent
ici pour «minbar el khamis» (la
tribune du jeudi). Un conférencier, toujours une notoriété de ce courant,
présente son point de vue et répond aux questions qui pourraient être posées.
Ce jeudi, le thème était celui de la
fraternité en Islam. Sujet bateau, sujet noble quand même. Intéressant dans un
pays où l’atomisation de la société a provoqué un affaiblissement considérable
de la chaîne des solidarités traditionnelles, pour ne pas dire naturelles. Dans
une ville comme Nouakchott où la frénésie et l’avidité ont corrompu ce qui
devait être d’humanité. Au sein d’une élite obnubilée par la recherche d’un pouvoir
lui donnant accès à quelque ressource à piller. Sujet porteur donc.
Trois axes : celui de la noblesse
fondatrice du sentiment de fraternité en Islam, à force de versets coraniques
et de Hadith du Prophète (PSL) ; celui de la Morale à la base ; et enfin
celui de l’Histoire des rapports entre les communautés en Mauritanie (Négro-africains
et Arabes). Sur le premier aspect, rien à retenir sauf l’exemplarité des
préceptes que dictent Coran et Sunna. Sur le second, j’ai été surpris par l’extraordinaire
sens de mesure, l’incommensurable abnégation, l’inégalable sens de l’équité
(inçaav) du président du Conseil national de Tawaçoul qui a soutenu que dans
toute attitude le Musulman est tenu de ne retenir que le côté positif des
autres et de ce qui advient en général. En clair et sans appel : il faut
éviter de s’attarder sur le mauvais aspect de la vie, des événements et des
hommes.
Côté Histoire, j’ai appris que Dan Fodio,
El Haj Oumar Tall, Kankan Moussa… et tous ces princes d’Etats islamiques subsahariens
n’auraient pas été si leurs maîtres sahariens n’avaient pas continué à les
alimenter en bonnes paroles. J’ai appris aussi que la guerre qui se déroule
actuellement au Mali ne serait que le prolongement d’un contentieux ouvert avec
l’arrivée du colon dans la région. Et, par déduction, la guerre entre le Mal et
le Bien est loin d’être finie…
De tout ce qui a été dit – et bien dit -,
je retiendrai cet appel à la pondération du président du Conseil national de
Tawaçoul, un appel dont on a besoin en ce moment où notre élite pousse vers la
confrontation violente. Il ne peut pas y avoir meilleure initiative que celle
qui pourrait appeler à l’apaisement dans les rapports, à la mesure dans les
prises de position, à la reconnaissance des aspects positifs des uns et des
autres, de la bonne foi de tous…
Imaginons un moment, le parti qui revendique une inspiration d’ordre
religieux donc Immanent, demander à tous, y compris ses militants et ses
partenaires, de tempérer les propos, de chercher une voie médiane qui pourrait
reconnaitre à ses adversaires (devenus concurrents ou même partenaires), d’être
moins vindicatifs, moins aigris, plus tolérants, plus mesurés dans leurs propos…,
mais c’est déjà une révolution «démocratique»,
une victoire sur le mauvais génie. Alors pourquoi ne pas adopter ce discours
tenu dans cette mosquée d’un quartier populaire ?