Dans l’affaire Hondone, une porte de sortie de crise semble avoir
été trouvée. Il a fallu remonter jusqu’à la présidence pour amener les deux
parties à s’entendre sur un nouveau point de départ.
Tout a commencé il y a quelques semaines, quand la partie
mauritanienne a découvert que la partie chinoise accélérait sur certains
aspects du protocole d’application de la convention signée en 2011, notamment
sur la pêche des céphalopodes, et qu’elle ralentissait sur les aspects,
beaucoup plus importants pour la Mauritanie, de l’emploi, de la construction
navale et de la pêche pélagique. Ce qu’apprenant, le Président de la République
avait donné ordre au ministère des pêches de ne pas renouveler les licences de
fonds avant de revoir les termes de l’accord.
C’est au colonel Cheikh Ould Baya, l’artisan de l’accord avec l’Union
Européenne, que fut confiée la mission de renégocier la mise en application du
protocole d’accord, et ce en sa qualité de conseiller du ministre des pêches.
Manipulations et incompréhensions (dont nous avons rendu compte en leur
temps) ont amené les deux parties à aller vers une impasse. Même quand deux
commissions furent constituées, la première représentant l’Etat mauritanien
(Ministères des pêches, des finances, du développement…), la seconde la société
chinoise (Hondone, Ambassade de Chine, intermédiaires mauritaniens…). Plusieurs
rounds de négociations n’ont pas permis de trouver un terrain de convergence.
La partie chinoise faisait porter à l’administration mauritanienne
la responsabilité des retards constatés dans la réalisation du projet. Elle demandait
aussi l’ouverture de nouvelles possibilités pour elle pour compenser ses
insuffisances (possibilité d’acheter le produit, de pêcher en-deçà de la zone
des 20 miles fixés pour le pélagique, de louer le froid…).
Pour la partie mauritanienne, il s’agissait, tout en respectant
scrupuleusement les termes et la philosophie de la Convention ratifiée par le
Parlement, de s’en tenir aux termes du protocole qui définit les contours de sa
mise en application. Après avoir payé le prix politique de la convention qui a
été l’occasion de plusieurs joutes politiques qui ont été pour les détracteurs
du régime, l’occasion d’accuser le Président en personne d’être le premier bénéficiaire
de la Convention, après le prix politique donc, la Mauritanie ne devait pas
supporter un coût économique et social par la mauvaise application des termes
de l’accord.
Les appréhensions des Mauritaniens ont fini par être entendues par
les Chinois. C’était au cours d’une réunion tenue ce matin à la Présidence de
la République.
Le ministère laisse travailler les cinq céphalopodiers déjà
présents jusqu’en juin. D’ici là, la partie chinoise va lancer sa partie
pélagique. Pour ce faire, construire les cent pirogues et créer 2000 emplois
supplémentaires. En réalité, la pêche aux céphalopodes ne durera plus que 20
jours avant l’arrêt biologique de deux mois (mai et juin). La troisième année
finissant de la durée du premier protocole, il va falloir que la partie
mauritanienne mette sur pied un comité de suivi pour s’assurer de la bonne
exécution des nouveaux engagements.
Les rebondissements de cette affaire auront
convaincu les sceptiques qu’il n’y avait rien derrière en termes d’intérêts «présidentiels»
particuliers… Espérons que la polémique est close.