Il
y a deux ans environ, la Mauritanie exprimait le besoin de reconstruire la
route Rosso-Nouakchott. Les amis européens lui offrirent gracieusement le
financement du tronçon Nouakchott-Bombri, soit environ 140 kilomètres. Le reste,
Bombri-Rosso soit une soixantaine de kilomètres, fut pris en charge par la
Banque Mondiale.
Le
premier tronçon financé par les Européens connut de nombreux problèmes dont
notamment la difficulté de faire accepter aux partenaires le choix de l’entreprise
ATTM, comme meilleur choix. Les deux parties ont fini heureusement par accepter
de reprendre le processus : l’appel d’offres vient juste d’être lancé.
Le
deuxième tronçon n’a pas connu ces difficultés. Il fut adjugé pour une société
espagnole pour un montant de 20 millions dollars. On ne fit pas attention au
montant de la proposition, la deuxième proposition était à 25 millions dollars
(considérable différence), ni aux moyens, ni à l’historique de la société. «Mécaniquement», le marché fut octroyé au
moins-disant, sans aller plus loin pour savoir si l’entreprise était crédible
ou si elle était capable d’honorer ses engagements. On oublia même qu’elle
avait soumissionné pour le premier tronçon et proposé environ trente millions d’euros
pour un marché estimé à quarante-quatre millions. Qu’à l’époque le caractère
farfelu de sa proposition avait été pris en compte pour la mettre hors-jeu. Elle
eut le marché de Bombri-Rosso…
La
société espagnole s’appelle «CAREJA»,
transcrit phonétiquement cela donne «karekha».
Localement, on l’appelle «karetha»,
en jouant sur l’une des lettres en Arabe, les habitants ont construit ce mot
qui veut dire «la catastrophe». Ils jurent
n’avoir jamais vu plus d’une dizaine d’engins sur la route. Tout ce temps, la
route n’a pas avancé d’un mètre, la société se contentant de colmater les trous,
de creuser des tranchées aux abords, de produire beaucoup de poussière et de
gêner la circulation déjà très affectée par l’état de la route. On dit que la
société exploite le tout-venant du bord de mer, ce qui ajoute aux inquiétudes
des populations qui y voient une menace contre l’environnement.
Normalement,
en octobre prochain, nous devrions avoir une route toute neuve, large de 7
mètres avec un accotement de 1,5 m de chaque côté. De quoi émerveiller la
région et les visiteurs de la porte sud du pays. Au regard de l’activité
actuelle, il est impossible de réaliser cela.
On se demande si cela va affecter le premier tronçon
ou pas. Si les travaux ne se terminent pas dans les délais impartis, la Banque
Mondiale va retirer son financement. N’est-ce pas ?