Je n’ai pas connu directement l’homme. Seulement à travers ses fils, ce que
j’entends de ses amis et compagnons et les photos où il apparait. C’est
justement, l’impression que me laissent les photos qui est la plus
significative pour moi.
Chaque fois que je déroule les images sur un écran, je ne peux m’empêcher
de m’arrêter toutes les fois où l’image de Sidi Mohamed Deyine apparait. La grâce
des gens de bien, de ceux qui incarnent les valeurs immuables de générosité, de
noblesse d’esprit, de dignité et d’abnégation. Son visage sur les photos, c’est
un peu cette Mauritanie qui ne souffre aucune flétrissure, cette Mauritanie qui
ne s’érode pas, qui ne se salit pas, qui ne prend aucun coup de vieux… Je ne
peux l’imaginer autrement que sur cette photo où il apparait au premier plan
avec Haiba Ould Hommodi notamment. Une beauté qui doit être un reflet d’un
intérieur encore plus beau. Ce doit être ça l’Aura.
Sidi Mohamed Deyine est né vers 1920 à Boutilimitt. Il a été directeur de
la Medersa de Boutilimitt avant d’être nommé ministre de l’éducation, de la
jeunesse et du travail dans le gouvernement du 23 juin 1959. Il fait partie de
quelques trois ministres retenus par feu Moktar Ould Daddah dans le
gouvernement d’après indépendance. Le 29 septembre 1961 il est nommé ministre
de l’intérieur, le 1er juillet 1963 il va aux affaires étrangères. Et
en janvier 1965, il quitte le gouvernement pour d’autres fonctions.
Pour le Nouakchottois que je suis, Ehl Deyine, c’est cette maison de l’Ilot
V aux abords de laquelle on ne voit jamais d’attroupements, l’on n’entend
jamais de clameurs, même pas un stationnement abusif : tout y est en (et
dans) l’ordre. Ce sont aussi ces enfants, devenus adultes, sans avoir jamais
provoqué d’inconvenances. Une éducation qui «vient de loin» (pour traduire l’expression Hassaniya), un poids et
une mesure qui sont ancrés dans cette tradition-là. Celle dont Sidi Mohamed Deyine
était l’incarnation.
Qu’Allah l’agrée dans Son Saint Paradis, qu’Il allège le poids de sa perte.
Inna liLlahi wa inna ilayhi raji’une.