"La France a favorisé une fiction de démocratie",
c’est le titre d’un article écrit par l’ancienne responsable du service
culturel de l’Ambassade de France à Bamako, Mme Danielle Rousselier, écrivaine
de son état. J’ai lu le papier sur noorinfo.
La
dame dit avoir travaillé de 2007 à 2009 à Bamako et qu’elle fut témoin d’une
attitude de complaisance qui a caractérisé les relations des puissances
occidentales, de la France qu’elle représentait, avec le Mali de Amadou Toumani
Touré (ATT). Une complaisance qui engage, selon elle, une «responsabilité
partielle» de la France dans l’engrenage qui a mené à cette guerre».
La
«fiction de démocratie au Mali» a servi de faire-valoir d’une politique
africaine qu’on a voulu nouvelle depuis la conférence de La Baule et qui ne
faisait en fait que répéter une attitude condescendante de la France vis-à-vis
de l’Afrique. C’est ainsi qu’une indulgence a caractérisé les rapports avec un
régime qu’on savait corrompu. Parmi les exemples cités par l’auteur, nous
retiendrons celui-là :
«En novembre
2009, les autorités maliennes ont tenté de camoufler l’incendie en plein
désert, près de Gao, d’un Boeing 727 transportant six tonnes de cocaïne
«évaporée» dans les sables. L’affaire du Boeing «Air Cocaïne» a révélé
ouvertement à la fois que le paisible Mali était bien devenu le carrefour du
trafic de drogue en Afrique et, plus grave, que les trafiquants avaient
bénéficié de complicités dans l’administration et dans l’armée au plus haut
niveau. En a-t-on pour autant tiré toutes les conséquences sur la nature
profondément corrompue du régime d’Amadou Toumani Touré, faisant le lit des
trafiquants de drogue et favorisant par là le narcosalafisme avec les
conséquences que l’on sait sur le fragile équilibre avec le Nord et les
Touaregs ?»
l’auteur expliquait ensuite comment la scène malienne s’était appauvrie et pourquoi elle devenait le lieu où se développaient les discours religieux les plus radicaux. C’est bien parce que le débat politique n’existait plus et parce que l’élite intelligente (ou supposée l’être) a démissionné après avoir été corrompue.
l’auteur expliquait ensuite comment la scène malienne s’était appauvrie et pourquoi elle devenait le lieu où se développaient les discours religieux les plus radicaux. C’est bien parce que le débat politique n’existait plus et parce que l’élite intelligente (ou supposée l’être) a démissionné après avoir été corrompue.
«La
France n’était, certes, pas la seule à fermer les yeux. L’aveuglement fut
international : on avait trouvé un pays à qui dispenser l’aide, et les
bailleurs de fonds comme les ONG se précipitaient sur ce pays modèle dont la
façade démocratique a volé en éclats lors du putsch du 22 mars 2012.» C’est
ainsi, selon elle, qu’au nom de «la bonne gouvernance», «nous avons été
complices d’un Etat malien prédateur, appuyé sur une «société civile»
artificielle profitant de la faiblesse et de la corruption du régime pour
s’enrichir à vive allure sur le dos du pays.»
Cela nous
rappelle, nous Mauritaniens, les sautes d’humeur, légèrement feintes de ATT,
quand notre pays avait décidé de réagir à la menace en usant de son droit de
poursuite. A l’époque, ATT faisait tout pour atténuer l’engagement de la
Mauritanie, engagement qui dérangeait (déjà) les affaires dans cette partie du
Mali. On ne peut faire l’économie de l’évaluation de cette époque qui a vu les
autorités du Mali démissionner et s’effacer devant le diktat des bandes
criminelles. Le résultat fut une politique de consensus qui était en fait une
sorte de fuite en avant qui n’en finissait pas de commencer.
Pour ne pas
tomber dans le panneau et pour avoir les bons résultats de l’intervention
militaire au Mali, les amis de ce pays (dont nous sommes) doivent dire la
vérité. A ses dirigeants, à son élite, à son Armée. Vous êtes responsables de
ce qui vous arrive. Vous êtes les seuls à pouvoir trouver, entre vous, la porte
de sortie de la crise qui a mis à terre l’Etat et les Institutions.