J’ai récemment écrit pour dénoncer quelques abus de l’Appareil judiciaire. Plusieurs
personnes m’ont interpellé en me tenant le même discours avec des nuances dans
le ton : tantôt menaçant, tantôt amical. Un discours qui veut m’interdire
de parler de tel ou tel comportement parce qu’il met en cause «Vlaane»
(untel). «C’est toute la tribu qui s’est sentie visée par ce que tu as écrit».
Très bien ! Cela veut dire que la tribu doit être derrière tout ce que
Vlaane fait de bêtises, solidaire de tout ce qu’il dit, de tout l’arbitraire qu’il
exerce, des comportements peu orthodoxes dont il est capable… Parce que si elle
se sent visée par les critiques qu’on est en droit de lui adresser, elle est
solidaire de ses actes et décide probablement avec lui. Et c’est ce qui est
dangereux.
Traditionnellement, même du temps où la structure sociale était encore très
dynamique, la tribu n’acceptait jamais de faire preuve de solidarité en cas de
faute de son ressortissant. C’est pourquoi, même aujourd’hui où l’on fait
semblant de faire revivre ces liens, on n’assiste jamais à une collecte pour un
détournement ou pour un accident où l’auteur n’est pas en règle (permis,
assurance…). On ne fait pas de collecte non plus pour le meurtre prémédité, du
moins pas publiquement. On peut faire un geste à son parent, mais en cachette. Parce
que le principe est de faire de la tribu une garantie morale. Aujourd’hui on s’installe
dans la situation contraire : le fils «prodigue» pour ce qu’il fait à la
tribu en termes de passe-droits et d’intervention. Du coup on n’oublie «pour
lui» tous ses manquements moraux. La tribu devient une inspiration pour le
Mal.
Ce ne fut pas toujours le cas.