Mercredi
soir, TVM recevait Mohamed Ould Maouloud, président de l’Union des forces du
progrès (UFP) dans le cadre de son effort d’ouverture sur le monde politique. Il
en est sorti la volonté de vouloir sortir de la logique du «dégage» qui semble
avoir fait aboutir à une impasse. Ce qui a mené à une proposition qui comprend
la constitution d’un gouvernement d’ouverture, l’ouverture de la CENI, l’audit
de la liste électorale, le choix d’un responsable de l’Etat civil… Comme si la
perspective politique est désormais celle-là : l’organisation d’élections
législatives et municipales. Ce qui est déjà une avancée pour des acteurs qui
ont été bloqués pour avoir été emballés par le vent qui a soufflé sur le monde
arabe.
Reste
que Ould Maouloud, même s’il a exprimé toutes les nuances qui marquent les
lectures de son parti, n’est pas allé jusqu’à reconnaitre les divergences qui
sont réelles. Fatalement réelles.
En
réalité, l’UFP ne partage avec ses partenaires de la Coordination de l’opposition
démocratique (COD) que l’aversion – pour ne pas dire la haine – très prononcée
du pouvoir et de son premier responsable Mohamed Ould Abdel Aziz. Comme la
gauche en Tunisie et en Egypte, l’antagonisme avec les Islamistes (Frères ou
pas) a toujours été fort. Avec eux, jamais trêve n’a été décrétée. Avec les
autres partis, c’est fondamentalement la «lutte des classes» qui divise :
la plupart des «animateurs» de ces partis sont situés sociologiquement,
culturellement et politique dans le camp de la «féodalité rétrograde». Autant
dire que l’entente entre les partenaires d’aujourd’hui est juste «de saison».
Rien que des accommodations qui permettent de passer un cap sans aller au fonds
des choses. Jusqu’à quand ?
Le
président Mohamed Ould Maouloud est assez fin pour ne pas se laisser acculer,
ni lui faire dire ce qu’il ne veut pas dire ou il ne peut pas dire. Mais sur la
question du Mali, toute la divergence de point de vue est apparue. La position
exprimée était claire et conforme à tout ce que fut l’UFP et au combat que Ould
Maouloud incarne. Dénonciation de l’action des groupes criminels qui ont
conduit à l’effondrement de l’Etat malien puis à la partition de ce pays.
Distinction entre l’action criminelle de ces groupes et les revendications,
peut-être légitimes, des Maliens. Ces revendications doivent être satisfaites
dans le cadre d’un dialogue national global et ouvert. Alors que le traitement
de la question de la criminalité est du ressort du gouvernement malien qui
peut, en toute souveraineté, faire appel à ses alliés pour éliminer le danger. Et
les fatwas ? Ould Maouloud a la parade : «nous sommes là pour une
fatwa politique…» Pas de clash avec ceux qui fonctionnent à coup de fatwas,
façon de légitimer «religieusement» leurs choix et d’imposer leur
diktat. En tout cas pas pour le moment…
La
sortie de l’UFP a été politique. Son président, Mohamed Ould Maouloud est resté
calme, il était le seul à parler, à exprimer les positions de son parti… et il
s’en est plutôt bien sorti, même s’il a dû regretter de ne pas avoir parlé des «conditions
de vie des populations» mais «seulement de politique».
Le téléspectateur que je suis, était frustré de ne pas
voir cet homme politique – sans doute le plus fin des acteurs – aller jusqu’au
bout de ses raisonnements. La logique de la préférence du dialogue en toute
circonstance devait mener à la participation au dialogue entre pouvoir et
opposition. La logique de la question malienne devait mener à reconnaitre que
la politique suivie par le pouvoir de Ould Abdel Aziz était la meilleure. La logique
du refus de la «fatwa religieuse» dans le domaine politique devait
éloigner de certaines accointances. La logique «tranquille» de la
recherche effrénée du «compromis historique», un dogme chez ces gens-là,
devait faire rompre avec celle du «dégage»…