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jeudi 7 février 2013

Les conditions pour participer


Mercredi soir, TVM recevait Mohamed Ould Maouloud, président de l’Union des forces du progrès (UFP) dans le cadre de son effort d’ouverture sur le monde politique. Il en est sorti la volonté de vouloir sortir de la logique du «dégage» qui semble avoir fait aboutir à une impasse. Ce qui a mené à une proposition qui comprend la constitution d’un gouvernement d’ouverture, l’ouverture de la CENI, l’audit de la liste électorale, le choix d’un responsable de l’Etat civil… Comme si la perspective politique est désormais celle-là : l’organisation d’élections législatives et municipales. Ce qui est déjà une avancée pour des acteurs qui ont été bloqués pour avoir été emballés par le vent qui a soufflé sur le monde arabe.
Reste que Ould Maouloud, même s’il a exprimé toutes les nuances qui marquent les lectures de son parti, n’est pas allé jusqu’à reconnaitre les divergences qui sont réelles. Fatalement réelles.
En réalité, l’UFP ne partage avec ses partenaires de la Coordination de l’opposition démocratique (COD) que l’aversion – pour ne pas dire la haine – très prononcée du pouvoir et de son premier responsable Mohamed Ould Abdel Aziz. Comme la gauche en Tunisie et en Egypte, l’antagonisme avec les Islamistes (Frères ou pas) a toujours été fort. Avec eux, jamais trêve n’a été décrétée. Avec les autres partis, c’est fondamentalement la «lutte des classes» qui divise : la plupart des «animateurs» de ces partis sont situés sociologiquement, culturellement et politique dans le camp de la «féodalité rétrograde». Autant dire que l’entente entre les partenaires d’aujourd’hui est juste «de saison». Rien que des accommodations qui permettent de passer un cap sans aller au fonds des choses. Jusqu’à quand ?
Le président Mohamed Ould Maouloud est assez fin pour ne pas se laisser acculer, ni lui faire dire ce qu’il ne veut pas dire ou il ne peut pas dire. Mais sur la question du Mali, toute la divergence de point de vue est apparue. La position exprimée était claire et conforme à tout ce que fut l’UFP et au combat que Ould Maouloud incarne. Dénonciation de l’action des groupes criminels qui ont conduit à l’effondrement de l’Etat malien puis à la partition de ce pays. Distinction entre l’action criminelle de ces groupes et les revendications, peut-être légitimes, des Maliens. Ces revendications doivent être satisfaites dans le cadre d’un dialogue national global et ouvert. Alors que le traitement de la question de la criminalité est du ressort du gouvernement malien qui peut, en toute souveraineté, faire appel à ses alliés pour éliminer le danger. Et les fatwas ? Ould Maouloud a la parade : «nous sommes là pour une fatwa politique…» Pas de clash avec ceux qui fonctionnent à coup de fatwas, façon de légitimer «religieusement» leurs choix et d’imposer leur diktat. En tout cas pas pour le moment…
La sortie de l’UFP a été politique. Son président, Mohamed Ould Maouloud est resté calme, il était le seul à parler, à exprimer les positions de son parti… et il s’en est plutôt bien sorti, même s’il a dû regretter de ne pas avoir parlé des «conditions de vie des populations» mais «seulement de politique».
Le téléspectateur que je suis, était frustré de ne pas voir cet homme politique – sans doute le plus fin des acteurs – aller jusqu’au bout de ses raisonnements. La logique de la préférence du dialogue en toute circonstance devait mener à la participation au dialogue entre pouvoir et opposition. La logique de la question malienne devait mener à reconnaitre que la politique suivie par le pouvoir de Ould Abdel Aziz était la meilleure. La logique du refus de la «fatwa religieuse» dans le domaine politique devait éloigner de certaines accointances. La logique «tranquille» de la recherche effrénée du «compromis historique», un dogme chez ces gens-là, devait faire rompre avec celle du «dégage»…