Le
Premier ministre Dr Moulaye Ould Mohamed Laghdaf a présenté jeudi sa
déclaration de politique générale devant les députés de l’Assemblée nationale. Un
exercice obligatoire qui a toujours occasionné des joutes, parfois agressives,
souvent excessives, entre lui et ses détracteurs de l’opposition. Cette fois-ci,
on n’a pas assisté à cet excès langagier qui perturbait la cérémonie et
poussait au rejet de part et d’autre. Deux raisons probables : les députés
de l’opposition, tout comme le Premier ministre, ont acquis une expérience qui
leur permet désormais de savoir que déstabiliser l’adversaire ne mène à rien ;
deuxièmement, si l’on fait la somme de ce qui a été dit, on est frappé par la
vacuité des propos opposés au discours de Ould Mohamed Laghdaf qui a eu tout le
loisir à développer sa présentation en toute sérénité.
Nous
retiendrons qu’il a fait un exercice de communication plutôt satisfaisant, «finissant
tous ses développements par une formule choc», comme dit un observateur. Exemples :
quand il finit d’expliquer le dossier d’alimentation en eau de Magta Lahjar, il
finit par «…ceci dit, il faut rappeler que plus de cinquante ans après les
indépendances, personne avant le Président Ould Abdel Aziz n’a tenu à alimenter
Magta Lahjar en eau potable…» ; sur les mauvais choix dans l’octroi
des marchés de la santé, «…n’oubliez pas que nous avons envoyé par nous-mêmes
l’Inspection générale d’Etat qui nous a fait des conclusions dont nous avons
tenu compte pour rectifier, il ne faut pas donc qu’on nous fasse le procès sur
la question» ; sur l’initiative de Messaoud Ould Boulkheir et après
avoir loué son auteur et ses choix nationaux, «…il ne faut pas retenir
seulement l’aspect gouvernement d’union de cette initiative qui vise à apaiser
le climat politique et à rendre possible les élections lesquelles dépendent
désormais par une CENI complètement indépendante, quel rôle alors pour un
gouvernement d’union ?»
Les
exemples de formules réussies et qui ont toujours manqué dans les échanges avec
les députés sont nombreux et révèlent la grande évolution de Ould Mohamed
Laghdaf qui a acquis une expérience certaine. Cela se voyait aussi à travers la
maitrise de ses dossiers : à aucun moment, il n’a eu à chercher dans ses
notes comme pendant les prestations passées.
L’eau, la santé, l’électricité, les interventions d’urgence…
au-delà de la présentation des réalisations et des chiffres, l’exercice auquel
le Premier ministre a été soumis a révélé une assurance qui a obligé à plus de
mesure et de retenue. Du coup, les incidents des années passées ont été évités.
C’est déjà ça de gagné…