Je m’en vais vous proposer à lire l’éditorial du N°482 du 3 janvier 2010,
en espérant que des choses auront changé depuis :
«Nous
venons de dire adieu à une année… de plus. 2009… comment faire pour que les
années qui se suivent ne soient que des années qui se suivent pour nous ?
Comment inverser cette tendance qui est celle de la dégradation de notre
environnement et de nos conditions ? Faisons le bilan…
L’année
qui commence verra des pays dont la Mauritanie, célébrer leur cinquantième
anniversaire d’indépendance. «Dis papa, à quoi sert l’indépendance ?»
faisait un caricaturiste à un enfant africain qui assistait à des festivités
commémorant un anniversaire d’indépendance. Tous les enfants mauritaniens ont
le droit aujourd’hui de se poser cette question.
Quand
le pays accède à l’indépendance, il fait face à deux défis : la
reconnaissance en tant qu’entité indépendante à l’extérieur et l’acceptation de
son autorité par les populations de l’intérieur.
Pour
les premiers responsables de l’époque, il s’agissait de croire au destin d’une
Nation, de faire adhérer les leurs à cette croyance, de la bâtir ensuite et de
faire participer les leurs à l’entreprise de construction. Deux attitudes qui
ont fait la force de l’équipe première : l’humilité et la détermination.
L’humilité
a donné la simplicité qui est l’un des caractères fondamentaux de la culture
sociale originelle. Elle a créé une sorte d’aura insufflant une certaine
légitimité à l’entreprise de l’époque. Elle a aussi donné la spécificité d’une
communauté qui n’avait rien à cacher, surtout pas son dénuement. La vérité de
l’image a constitué à mon avis l’une des forces du moment.
La
détermination nécessitait un profond sentiment de dignité. En revoyant les
images de l’époque, ce qui frappe ce n’est jamais l’apparat, mais c’est bien
l’air digne des acteurs de la scène. L’impression qu’ils s’assumaient et qu’ils
s’accomplissaient.
Pour
le pays, cela s’est traduit par l’adoption d’une attitude qui reflétait deux
vocations qui semblaient «naturelles» pour la Mauritanie : celle d’être
une terre de convergence et celle de choisir le camp de la modération et de la
mesure. Mokhtar Ould Daddah rêvait de faire de ce pays, «la Suisse de
l’Afrique»…
Qu’avons-nous
fait de nos cinquante années ?
C’est
à l’école et à travers elle que nous pouvons évaluer la réalisation du projet
Mauritanie. Comment va notre école ? Très mal, me direz-vous. Encore plus mal
que vous ne pouvez imaginer, vous rétorquerai-je. Sans la perspective d’une
amélioration. Parce qu’avec les choix de la Mauritanie nouvelle pour le
secteur, on peut penser que le Président Mohamed Ould Abdel Aziz ne pense pas à
l’urgence d’une action dans le secteur de l’éducation. Sinon comment comprendre
ces choix ? Quel genre d’individu produit cette école ? Quel rôle de
creuset joue-t-elle ? Quel moule est-elle ?
Les
hauts responsables – ministres, président, Premier ministre, présidents des
chambres…- envoient leurs enfants dans des écoles privées, si ce n’est l’école
française et dépendances. Les responsables du pays sont les premiers à
manifester leur manque de confiance dans tout ce qui est public. Et nous
voulons que le citoyen lambda se comporte autrement…
Sur
le plan économique, qu’est-ce qui a été fait et dont on peut être fier ?
Une société mauritanienne pouvant jouer la concurrence ailleurs ? Une
production de denrée de première nécessité ? Une autosuffisance
quelconque ?
Les
politiques économiques ont été catastrophiques. La gestion du pays calamiteuse.
La pêche qui aurait dû être la manne pour le pays, est incapable de décoller.
Alors que le Maroc dont les potentialités sont moindres tire d’énormes profits
du secteur, la Mauritanie traîne à en tirer réellement profit. Ni sur le plan
des infrastructures, ni sur celui de l’emploi, ni la production, ni la
commercialisation…
Tout
comme l’agriculture qui peine. Des milliards investis… pour pas grand-chose. On
est loin de l’autosuffisance alimentaire, loin de l’exploitation de toutes les
potentialités, loin de disponibiliser les emplois possibles…
L’élevage
est laissé en marge. Pour un pays à vocation nomade, à forte population
d’éleveurs (Bidahâne et Peulhs), c’est le comble…
50 ans… nous avons besoin de redonner espoir à notre
peuple… d’innover… de faire rêver… de rompre avec nos croyances anciennes et
récentes… d’impulser une mentalité neuve… croire à la valeur du travail et
revaloriser son produit… réhabiliter le mérite et la compétence.»