C’est
au cours d’un meeting tenu à Nouadhibou par son parti le Wiaam que Boydiel Ould
Hoummoid s’est exprimé franchement sur la situation politique actuelle et sur
les perspectives du lancement d’un nouveau dialogue. Affirmant qu’il n’est pas
question pour son parti de participer à un nouveau dialogue. Pour lui, le train
est parti et il faudra l’attendre à la prochaine étape. Cette étape peut-elle
être les élections législatives et municipales dont la date devrait être fixée
par la CENI dans les semaines à venir ? Certainement.
On
peut imaginer aisément que la situation actuelle a mené à un blocage au niveau
des attitudes des protagonistes politiques. D’une part un pouvoir qui, tout en
déclarant sa disponibilité à s’ouvrir à l’opposition radicale, ne fait rien de
concret pour ce faire. D’autre part une Coordination de l’Opposition qui
s’enferme dans un discours radical qui ne mène nulle part, les rapports de
force ne semblant pas l’avantager.
Au
lendemain de la promulgation de tous les textes initiés par le dialogue entre
la Majorité et une partie de l’Opposition, ce qui est attendu, ce sont les
décisions qui doivent l’accompagner. Notamment un remaniement à même de donner
confiance à tous les protagonistes, y compris les plus radicaux d’entre eux. Il
ne s’agit pas d’un gouvernement d’ouverture qui ne sert aucune des parties
encore moins la démocratie, mais des choix «technocratiques» au niveau de
certains ministères dont l’intérieur et la justice, départements clés dans un
processus électoral. Il s’agit ici de trouver les personnes qu’il faut pour
exprimer une volonté de ne pas instrumentaliser les deux appareils
(administratif et judiciaire). De nombreux administrateurs et juristes ayant
une solide expérience et suffisamment de retrait de la vie politique peuvent
incarner cette volonté.
Dans un deuxième temps, il faut espérer que la CENI
sorte de cette torpeur qui commence à déranger pour solliciter les avis des
acteurs politiques. Le jour où la CENI décide de jouer son rôle et où il se
trouvera un ministre de l’intérieur «acceptable» pour toutes les parties, on
peut espérer transférer le champ politique – le jeu politique – vers une
perspective plus inclusive. A ce moment-là, chacun sera appelé à donner son
avis sur le processus électoral, sur les garanties à présenter pour espérer des
élections régulières et consensuelles. La CENI pour sa part, ainsi que les
autorités administratives auront à présenter un schéma à même de convaincre
tout le monde et d’amener à des élections acceptables par tous. On aura dépassé
le «irhal» qui a été pour beaucoup dans le blocage actuel et permis au pouvoir,
particulièrement au Président de la République de rester au-dessus de la mêlée.